Claire Nouvian, fondatrice de l’association Bloom, a reçu le prix Goldman pour l’environnement, considéré comme le Nobel de l’écologie, pour sa bataille contre la pêche destructrice. Des batailles plus dures sont à venir.
« Merci. Merci à la famille Goldman d’avoir fait le choix courageux et inspirant de soutenir un vrai militantisme citoyen.» C’est par ces mots que la fondatrice de l’association Bloom a commencé un discours puissant, engagé et déterminé à continuer la bataille contre le chalutage en eaux profondes, « une absurdité qui n’aurait jamais dû exister », lorsqu’elle a reçu, à San Francisco le 23 avril dernier, le prix Goldman pour l’environnement, doté de 200 000 dollars et considéré comme le Nobel de l’écologie.
C’est surtout à elle et aux équipes de l’Association Bloom qu’il a fallu beaucoup de courage. « Ce prix est une consécration de l’efficacité et de la persévérance de Bloom à lutter contre la corruption des systèmes politiques et le cynisme des industriels » a déclaré Claire Nouvian. Cette association veut protéger l’océan et les espèces marines. Elle a fini par gagner une bataille pour l’interdiction du chalutage à plus de 800 mètres de profondeur dans les eaux européennes en 2016. Une bataille menée sans grands moyens face à de puissants lobbys de la pêche industrielle.
Voir : Interdiction du chalutage en eaux profondes : la victoire d’une mobilisation citoyenne
Pour Claire Nouvian, la bataille a commencé avant la création de l’association Bloom. Journaliste, en 2001 lors d’un repérage pour un film sur la faune sous-marine, elle découvre les désastres de l’exploitation industrielle des fonds marins «qui détruit le patrimoine naturel mondial » et veut informer et sensibiliser l’opinion. En 2005, elle fonde l’Association Bloom, en 2006, elle publie Abysses (Editions Fayard, France / University of Chicago Press, USA) (en 10 langues) et organise, en 2007, une exposition éponyme itinérante.
La même année, en novembre, dans un numéro spécial consacré aux « héritiers » du commandant Cousteau, le magazine Géo élit Claire Nouvian « ange gardien de la planète ».
Un ange gardien combattant. La bataille pour l’interdiction du chalutage en eaux profondes a duré huit ans. Huit ans de sacrifices de temps de sommeil, de vie sociale et familiale, de weekends, de vacances, « pour ne laisser passer aucun mensonge des lobbies industriels. Pour ne laisser passer aucun résultat scientifique biaisé parce que financé par l’industrie »
Pour elle, le combat continue « parce que nous préférerions mourir plutôt que de céder à la corruption rampante des systèmes et des cœurs, que de cesser de nous battre pour un monde meilleur avec nos propres armes : les données, la transparence, l’intégrité et la détermination. » Parce que « 15 000 scientifiques ont averti l’humanité que le monde naturel allait à sa perte, et lorsque le monde naturel s’effondre, lorsque les systèmes de soutien à la vie diminuent, c’est toute l’humanité qui est en péril. »
Désormais, c’est une « lutte structurelle globale » qui s’engage : « la réduction des subventions allouées à la pêche. » Car c’est le nerf de la guerre. « Il s’agit du combat du siècle. Il n’y aura pas de pêche durable tant que nous continuerons de subventionner une pêche destructrice et non viable, artificiellement maintenue à flot avec l’argent de nos impôts. »
Enorme ambition car les puissants lobbies industriels ont l’oreille des gouvernements. Mais la présidente de Bloom est bien décidée à rassembler, unir, motiver pour faire un puissant contre-lobbying « Maintenant, il est temps de se mettre au travail, et de s’y mettre ensemble. »
Sur le site de Bloom en ce moment une pétition urgente est lancée : «Stop à la pêche électrique en Europe». Bloom invite ainsi : «Mobilisons-nous contre l’extermination de la vie marine et des pêcheurs artisans» Un appel auquel vous pouvez répondre sur le site de l’association Bloom.