Depuis le 1er avril, le congé paternité est passé de 5 à 8 semaines en Espagne. Rémunéré à 100 %. En 2021, il sera de 16 semaines. Contre 11 jours en France.
Les pères espagnols vont faire pâlir d’envie les géniteurs français et leurs maigres 11 jours de congés paternité. Depuis le 1er avril, ils peuvent accueillir dignement leur nouveau-né. Ils bénéficiaient jusqu’ici de cinq semaines de congés paternité. Désormais ils en auront huit. Et ce n’est pas terminé. Ce sera 12 semaines en 2020 puis 16 semaines en 2021, rémunérées à 100 %. Le congé s’applique aux parents adoptifs ainsi qu’à la compagne de la mère dans les couples lesbiens.
La mesure avait été adoptée le 26 juin 2018 à l’unanimité par les députés espagnols, et « sans aucune abstention ». L’objectif clairement affiché était de « lutter contre la discrimination et les inégalités hommes-femmes » soulignait alors le quotidien Público. Et qu’importe le coût. Selon le quotidien El Pais, le congé paternité devrait accroître les dépenses de 226 millions pour l’Etat et 53 millions pour les entreprises. Mais la société s’y retrouve.
Les responsables politiques donnent l’exemple. Notamment le leader du parti Podemos, Pablo Iglesias, qui s’est arrêté trois mois lors de la naissance de son enfant alors que des élections régionales se profilent en Espagne. Mais sa compagne, Irene Montero, occupait le terrain.
La France à la traîne
Cette nouvelle avancée en Espagne souligne le retard de la France par rapport à ses voisins Européens. En janvier 2017 l’Assemblée nationale avait adopté en première lecture un texte pour porter la durée de ce congé à 4 semaines Mais la mesure a été enterrée. Son coût était estimé à plus de 500 millions d’euros par an, ce qui avait conduit le gouvernement d’alors à s’y opposer. En 2018 quatre ministres – Marlène Schiappa, Agnès Buzyn, Gérald Darmanin et Muriel Pénicaud – ont confié à l’IGAS (Inspection générale des Affaires Sociales) une mission d’expertise sur le congé de paternité ou d’accueil de l’enfant. L’objectif était de favoriser l’égalité entre les femmes et les hommes. L’IGAS a proposé un allongement de ce congé… Proposition restée sans suite.
Outre l’Espagne, la France se situe très loin derrière des pays comme la Suède, la Norvège, l’Autriche, la Slovénie, le Danemark, la Finlande, la Lituanie, la Bulgarie. Et, si on ajoute le congé parental prévu pour inciter les pères à s’arrêter de travailler pour s’occuper de leurs enfants, l’Allemagne, pourtant réputée traditionnelle, est mieux placée. Le congé parental d’une durée maximale de quatorze mois est à partager entre les deux parents. Ils peuvent être rémunérés 67% du salaire net avec un plafond de 1800 euros par mois.