Un chauffeur de bus, à Paris, aurait empêché l’accès au véhicule à une jeune-femme qu’il jugeait mal habillée. La RATP promet des sanctions si les faits sont avérés. Il a reconnu une « faute de service ». Ajout le 10 mai : le conducteur contre-attaque.
Les faits ont été relatés par l’écrivain Kamel Bencheikh sur sa page Facebook, avant que le récit ne soit retiré du réseau social. Mardi 30 avril, vers 23 heures, sa fille et une amie attendent le bus à la station Botzaris, aux Buttes Chaumont dans le XIXe arrondissement de Paris. Le bus arrive, le chauffeur n’ouvre pas les portes et repart. Puis il s’arrête à un feu rouge. Et l’écrivain raconte que sa fille a frappé à la vitre du chauffeur pour lui demander pourquoi il ne les avait pas laissé monter. Celui-ci aurait répondu « Tu n’as qu’à bien t’habiller » en regardant ses jambes. Dans la version dé-publiée (mais visible ici), l’écrivain parle d’un chauffeur « islamiste ». Ce qui a suscité une avalanche de réactions, à l’extrême droite d’abord. Et les propos, jugés inappropriés par Facebook, ont été dé-publiés.
Les responsables politiques et la RATP ont réagi sans attendre. Sur Twitter, la présidente de la Région Île-de-France, Valérie Pécresse s’est indignée : « Si les faits sont avérés ils sont scandaleux! ». Elle a demandé à la RATP de faire « toute la lumière sur cette affaire ». Illico, la RATP a répondu qu’elle avait engagé des vérifications, que le conducteur allait être entendu très vite. Et « S’il s’avère que ces faits, tout à fait contraires aux valeurs de la RATP, sont avérés, les sanctions appropriées seront prises. » assure la régie.
La RATP a d’ailleurs lancé un appel à témoins sur twitter
Confiantes et vigilantes, Elisabeth Borne, Ministre chargée des Transports, et Marlène Schiappa, Secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes et de la lutte contre les discriminations ont indiqué dans un communiqué commun. « suivre avec la plus grande attention le déroulement de cette enquête, et savent la détermination de la RATP à faire respecter les principes de laïcité et du droit de chacune et chacun à circuler librement dans les transports publics ».
L’affaire ne va pas être simple à démêler. Selon Le Figaro, « des vidéos dans le bus auraient potentiellement été disponibles afin de vérifier les faits mais la police n’ayant pas été saisie dans les 48 heures suivant les faits, celles-ci ne seront pas exploitables. » Samedi soir, le chauffeur, entendu par la RATP aurait reconnu une « faute de service » en ayant « refusé d’ouvrir les portes à deux jeunes filles à une heure tardive » Indique l’AFP. La RATP aurait précisé que « le conducteur en question, qui travaille depuis quatre ans dans l’entreprise, ‘n’a aucun antécédent dans son dossier’ et ‘n’a jamais eu à faire l’objet d’observation ou de sanction quant à son comportement’ »
Ajout le 10 mai : Jeudi 9 mai, l’avocat du chauffeur de bus indiquait à l’AFP qu’il avait porté plainte pour « discrimination » et « dénonciation calomnieuse ». Me Samim Bolaky – qui est aussi l’avocat de Tariq Ramadan, entre autres- invoque une « discrimination sur le fondement de l’appartenance, vrai ou supposée, à une religion déterminée.» Son récit des faits est différent : le chauffeur avait marqué l’arrêt mais les deux jeunes femmes « fumaient et continuaient à fumer devant les portes de son bus ». Me Samim Bolaky, a voulu dénoncer des « propos fallacieux » de Kamel Bencheikh et de sa fille et a ajouté : « Mon client n’a aucune pratique religieuse affectant son activité professionnelle. »
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