Valeurs Actuelles et Paris Match viennent de se distinguer avec des unes dénonçant les féministes qui seraient agressives selon ces journaux. Une vieille presse déconnectée.
« Comment les féministes sont devenues folles ». Ce n’est pas le titre du dernier article du Gorafi, mais celui de la nouvelle une de Valeurs Actuelles. Pour appuyer le propos, la magazine écrit : « Elles censurent notre culture, insultent la police, fantasment le ‘patriarcat’, s’assoient sur la présomption d’innocence, dégradent la langue française, préfèrent le foot féminin, demandent l’égalité aux WC, cassent l’ambiance en soirée… »
Inversion de culpabilité
Personne ne découvre que Valeurs Actuelles est un journal ultra-conservateur ou qu’il ne porte pas les défenseur.e.s de l’égalité dans son cœur. Mais cette une a un impact sur les mentalités. Elle joue l’inversion de culpabilité montrant une nouvelle fois un féminisme qui serait agressif quand il est en position de défense des droits. Version journalistique d’une forme de « culture du viol »
Ce n’est pas une première. En mai dernier, le même journal dénonçait ici « La terreur féministe ». Cependant, il est de plus en plus seul à oser ce type de une qui relève du révisionnisme. Sur ces discours franchement hostiles au féminisme, Valeurs Actuelles est principalement en concurrence avec le magazine Causeur. Mais il y a quelques années, c’était l’ensemble de la presse « mainstream » qui tenait des discours similaires. (Lire : Mais qui veut allumer la guerre des sexes ?). On avance…
Sur les réseaux sociaux, des internautes ont, avec beaucoup de talent, parodié cette une en remettant les choses à l’endroit. Elles dénoncent « les masculinistes » ou les « mâles dominants » qui défendent leurs privilèges, voire leur droit à être des délinquants violeurs…
Sexisme plus insidieux chez Paris Match
Le propos de de Paris Match semble moins violent au premier abord. Le magazine consacre sa une à la chanteuse Angèle, très populaire et connue pour ses positions féministes, qu’il qualifie de « subversive mais pas agressive ». Comprendre donc : réclamer plus d’égalité entre les femmes et les hommes est « subversif » et « agressif ». Mais que les lecteurs de Paris Match soient rassurés, la chanteuse belge adorée des jeunes n’est pas « agressive ». Elle ne fait pas partie de ces êtres qui se sont éloignés de leur nature douce et maternante et que l’on appelle « féministes »… Angèle a rapidement réagi, avec colère et ironie sur Instagram : « Oulala heureusement que je ne fais pas partie des VILAINES féministes VIOLENTES et HYSTERIQUES. Parce que OK, on l’ouvre, mais en restant jolies et polies hein. » Angèle cite un passage de l’article : « Dénonce sans crier, s’affirme féministe sans s’exhiber, parle rap sur un ton de princesse Disney » qu’elle juge « décrédibilisant et sexiste ». Et en conclusion de son message : « Gros boomer du jour, en toute détente » (référence à l’expression « OK Boomer » des jeunes critiquant la génération des baby boomers). La chanteuse précise aussi que la photo date de 2018 et qu’elle ne l’a jamais validée… Manipulation du féminisme ?