Compter, fixer un système de bonus/malus pour les aides publiques : les préconisations du rapport sur la place des femmes dans les médias sont entre les mains du gouvernement.
Le rapport de la députée Céline Calvez sur la place des femmes dans les médias en période de crise a été remis à la ministre de la Culture, Roselyne Bachelot-Narquin, et à la ministre déléguée auprès du Premier ministre, chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Égalité des chances, Elisabeth Moreno début septembre. Il avait été demandé par Marlène Schiappa suite à la chute drastique du nombre de femmes (déjà pas très élevé) sollicitées en tant qu’expertes par les médias, dès le début de la crise sanitaire. Un « pré-rapport » avait été sorti en juillet.
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La version définitive affine les propositions et les principes affichés dans la première mouture. La proposition la plus révolutionnaire étant de conditionner les aides publiques aux médias à une obligation d’équilibre entre les femmes et les hommes dans le contenu de l’information.
Pour améliorer la qualité, la quantité et la fréquence du comptage de la présence des femmes dans les médias, le rapport propose le recours à l’outil de comptage automatique élaboré par l’Institut national de l’audiovisuel (INA).
Pour l’audiovisuel, la proposition d’égaconditionnalité est audacieuse : « ouvrir un chantier sur le contrôle a posteriori des œuvres audiovisuelles produites », pour retirer les aides du CNC aux producteurs qui auraient laissé passer « des contenus sexistes ou dégradants »
Pour la presse, c’est compliqué. Côté bonus : la recommandation n° 12 préconise des bonus pour les entreprises qui se dotent d’un outil de comptage, d’une charte d’engagement vers l’égalité tant au niveau des ressources humaines que du contenu du journal, d’outils de formation et de la certification « égalité professionnelle » Afnor. Et le malus devrait s’appliquer aux entreprises « qui ne respectent pas les obligations légales notamment en matière d’égalité salariale hommes/femmes ». Les entreprises qui n’auraient pas mis en place ces dispositions au bout d’un an pourraient être « sanctionnées d’une partie de l’aide publique à la presse » Le rapport suggère que le financement des bonus pourrait s’appuyer sur le plan de relance dont un volet financier est prévu pour l’aide à la presse. Il s’agit ainsi d’obligations de moyens, pas de résultat. Pas de quoi faire la révolution dans les rédactions ! Et il faudrait encore inscrire ces dispositions dans la loi.
Que feront les ministres ? Roselyne Bachelot-Narquin a déclaré : « Nous devons avancer ensemble pour atteindre des résultats concrets » Et le cabinet d’Elisabeth Moreno indique que « l’ensemble de ces mesures vont être examinées attentivement par la Ministre et vont venir alimenter ses échanges avec l’ensemble des acteurs du monde de la presse » …