Malgré les promesses de renouveau à l’académie des César, plusieurs « membres historiques » douchent, encore une fois, beaucoup d’espoirs. Et la parité promise n’est pas exactement au rendez-vous.
« C’est une blague ? », « C’est du foutage de gueule », en apprenant que Roman Polanski faisait partie de la nouvelle assemblée générale des César, Béatrice Dalle, sur France Inter a exprimé une sidération partagée par celles et ceux qui se sont battu.es pour un véritable changement dans le 7ème art.
Mardi matin, une copie de la liste des 182 « représentant.e.s de l’assemblée générale des 21 branches professionnelles » circulait sur les réseaux sociaux avant publication officielle par l’Association pour la promotion du cinéma. Et le nom de Roman Polanski y figurait. Le réalisateur qui a fui les Etats-Unis après une condamnation, puis a été accusé de viol par dix femmes, a réussi à se maintenir au sein de cette assemblée qui sera élue le 29 septembre, pour un mandat de deux ans, renouvelable une fois.
Outre Polanski, le producteur Thomas Langmann, condamné en 2019 pour harcèlement envers sa femme, et Alain Terzian, vivement critiqué pour sa gestion de l’ancienne Académie des Césars, font partie de la nouvelle assemblée générale. La parité promise n’est pas tout à fait respectée : sur ces 182 nouveaux membres élus pour 4 ans, il y a 81 femmes et 101 hommes.
Comment est-ce possible ? Chaque branche, selon son poids, devait élire entre 4 et 21 représentants en respectant la parité. Mais 18 membres « historiques » de l’Académie s’y sont ajoutés. « Les statuts actuels ont été simplement appliqués », a assuré à l’Agence France-Presse Margaret Menegoz, la présidente par intérim des Césars qui reprend l’antienne « distinguer l’homme de l’oeuvre » à propos de Polanski.
Alors que le réalisateur est persona non grata aux Oscars aux Etats-Unis (lire : Polanski définitivement exclu des Oscars), la France fait donc de la résistance.
Pourtant, en février dernier, la démission collective des dirigeants de l’académie des César, poussés vers la sortie par des mouvements de protestation, annonçait une nouvelle ère dans les instances de consécration du cinéma. Les César promettaient alors la parité et « un tandem homme-femme pour la présidence ».
Douche froide quinze jours après la démission de l’équipe sortante : l’académie des César couronnait Roman Polanski malgré les protestations sur l’air de « pas d’honneur pour les violeurs » qui avaient entouré la cérémonie d’annonce des nominés (voir : POLANSKI DÉJÀ VICTORIEUX AUX CÉSAR et CÉSAR : ET À LA FIN, ILS TRIOMPHÈRENT. FORESTI « ECŒURÉE »)
La cérémonie de remise des César avait été marquée par une présentation de Florence Foresti refusant de prononcer le nom du réalisateur affirmant « qu’Atchoum n’était pas assez grand pour faire de l’ombre au cinéma français », par la sortie d’Adèle Haenel criant « la honte ! » et par un final 100 % masculin. Comme si le cinéma français voulait faire un pied de nez aux féministes. Il n’est pas impossible que les féministes s’invitent à l’assemblée du 29 septembre.