Plusieurs militantes ont décliné l’invitation à une énième émission de CNews sur le plus que probable candidat Zemmour. L’obsession dangereuse des médias pour le personnage menace le féminisme.
Pas question de cautionner un candidat misogyne en parlant de lui sur un plateau de télévision ! Marie Cervetti, militante féministe et ex dirigeante d’une association d‘aide aux femmes victimes de violence a préféré en sourire sur les réseaux sociaux. Habituée des plateaux télévisés pour aller y défendre la cause des femmes, elle est souvent appelée par les journalistes.
Mardi soir, elle a ironiquement posté ceci sur les réseaux sociaux « -Bonsoir madame seriez-vous d’accord pour être sur notre plateau face à Zemmour ou un allié pour aborder la question des droits des femmes. -Mais tout à fait mais si je viens je le défonce. -Ah ben une autre fois alors. » Interviewée par Les Nouvelles News, elle explique pourquoi elle a dit non : « Impossible de laisser un homme, qui refuse l’égalité développer ne serait-ce que quelques secondes ses théories masculinistes et pétainistes. Ce n’est pas un débat qui était proposé mais une arène pour l’invective. »
Pas question non plus, pour Martine Storti, de descendre dans l’arène. A peu près au même moment, elle a posté ceci sur twitter : « Je viens de refuser une invitation de @CNEWS pour débattre ce soir de « Zemmour et les femmes » Eh bien non, pas sur cette chaine qui chaque jour lui sert la soupe, même quand elle fait semblant de débattre. Et pourtant j’avais à dire. » Ex-journaliste, militante féministe et autrice de Pour un féminisme universel, (Seuil), elle a pris son courage à deux mains en 2014 pour lire Zemmour dans le texte et relever les saillies sexistes et les contradictions du bonhomme qui, dans ses élans de racisme, reproche aux maghrébins de maltraiter les femmes mais regrette les lois qui font reculer le patriarcat en France (lire ici).
Obsession dangereuse
Pour les féministes, il n’y a que des coups à prendre sur CNews. La chaîne, qui appartient à Bolloré, défend le polémiste-candidat comme tous les autres médias du groupe. Mardi, on apprenait qu’Hervé Gattegno de la tête du JDD et de Paris Match, qui sont aussi dans l’escarcelle Bolloré, avait été remercié (il pourrait être remplacé par Tugdual Denis, actuellement directeur adjoint de Valeurs actuelles à la tête du JDD). Parmi les hypothèses expliquant ce limogeage brutal, la plus vraisemblable est la récente une de Paris Match consacrée à Zemmour prenant un bain de mer avec, dans ses bras, sa plus proche conseillère. Dans un groupe de médias qui soutient à ce point un candidat d’extrême droite, il ne faut pas s’attendre à pouvoir aligner sérieusement des idées féministes. Les féministes appelées par les chaînes de télévision ne sont pas candidates, pourquoi iraient-elles permettre au candidat de faire son show sur CNews ?
Et l’obsession dangereuse pour Zemmour a gagné bien des médias. Sur LCI, la candidate Anne Hidalgo, se voit opposer une bien étrange question quand elle argumente sur le fond face au souhait de Zemmour d’en finir avec les lois sur la parité. La journaliste lui demande si le fait que Zemmour soit entendu par les Français ne la trouble pas, si elle ne se demande pas « sur quoi on s’est trompé »…
A noter aussi : ce mardi soir-là, celui qui se voit président rencontrait, à Versailles, les Éveilleurs, une association proche de la Manif pour tous, de Marion Maréchal, de militants anti-avortement…
A ce rythme-là, ça va être très compliqué de faire émerger des idées féministes dans cette campagne…
