La judokate a publié une photo de son visage tuméfié, après que son compagnon, accusé de violences conjugales, a été relaxé. Vague de soutien. Le parquet a fait appel. Le compagnon donne sa version des faits.
« Le Procureur a fait appel de la décision. » Mercredi 1er décembre au soir, un communiqué du cabinet de la ministre en charge des Droits des femmes, assurait qu’Elisabeth Moreno se montrait vigilante. Toute la journée, l’indignation n’en finissait pas de rebondir sur les réseaux sociaux.
D’abord lorsque la championne de judo, Margaux Pinot, a affiché son visage tuméfié, pour dénoncer la relaxe de l’auteur présumé des coups, son compagnon et entraîneur Alain Schmitt. Relaxé pour « absence de preuves ». La judokate accusait son compagnon de violences conjugales commises dans la nuit de samedi à dimanche. « Que manquait-il ? La mort au bout, peut-être ? » s’interrogeait-elle.
Le milieu du judo a tout de suite réagi. Le président de la fédération, Stéphane Nomis s’est dit « abasourdi, on a pris un KO par la décision. (…) Je n’ai pas tout le dossier, mais quand on voit son état, j’ai du mal à comprendre que quelqu’un puisse dire absence de preuves », a-t-il écrit dans un communiqué. Des champions comme Teddy Riner, Clarisse Abgégnénou ou encore Amandine Buchard, ont exprimé leur soutien à la judokate. Et les militantes féministes se sont également mobilisées. Anne-Cécile Mailfert, présidente de la fondation des femmes dénonçant « un déni de justice scandaleux ».
Alain Schmitt est accusé d’avoir asséné des coups, tiré les cheveux et tenté d’étrangler sa compagne qui a appelé au secours. Des voisins, chez qui elle a trouvé refuge, ont appelé la police. Elle souffre d’ecchymoses et d’une fracture au nez, elle s’est vue prescrire 10 jours d’ITT.
Comment le tribunal en est-il venu à décider la relaxe ? «Un tribunal n’est jamais là pour dire qui dit la vérité et qui ment. En l’occurrence nous n’avons pas assez de preuves de culpabilité. Le tribunal vous relaxe», avait indiqué, selon l’AFP, la présidente du tribunal après avoir écouté les récits contradictoires. Selon la version d’Alain Schmitt, ils se seraient disputés puis « On s’empoigne, on vacille dans tous les sens et on se cogne dans tous les sens. Jamais je n’ai frappé une femme. ».
Il a de son côté publié des photos de son visage à lui, plein d’ecchymoses et accuse Margaux Pinot de ne pas savoir « contrôler ses émotions ». Il parle dans l’Equipe d’une « relation compliquée » à laquelle il voulait mettre fin en partant travailler à l’étranger. Pour lui, les traces de sangs résultent de chocs contre les murs. Elle affirme que ce sont des coups de poings. Sur BFM TV, ce jeudi matin l’avocat de l’entraineur plaidait la « chiffonade ».
L’inénarrable journal Causeur qui déteste les féministes, surtout lorsqu’elles marquent des points contre les violences machistes, a fait un titre revanchard « Margaux Pinot n’aura pas réussi à faire condamner son conjoint. » Laissant ainsi penser qu’elle aurait profité du mouvement de lutte contre les violences machistes pour régler ses comptes.
Et la bagarre continue dans les médias. Ce jeudi 2 décembre, Alain Schmitt a convoqué une conférence de presse pour tenter de mettre fin à ce qu’il appelle un « lynchage » et raconte sa version de la bagarre en détail ici sur BFM… Selon lui, il y a eu violence réciproque.
Puis la judokate a, à son tour, organisé une conférence de presse relatant les faits très différemment. D’abord des propos dévalorisants prononcés par son ex-compagnon, propos qui l’ont conduite à s’isoler et se boucher les oreilles avant qu’il ne commence à la frapper au point qu’elle a cru mourir.
Comme l’a annoncé la ministre, le Parquet a fait appel…