Une nouvelle fois, un collectif demande la panthéonisation d’Olympe de Gouges. Le féminisme qu’elle symbolise a du mal à entrer dans le temple des « grands hommes » auxquels la patrie est reconnaissante.
« Entre ici… » la mythique formule d’André Malraux pour l’entrée de Jean Moulin au Panthéon s’appliquera-t-elle un jour à Olympe de Gouges ?
Dans une tribune rédigée par l’historienne Catherine Marand-Fouquet et la journaliste Sylvia Duverger, un collectif d’historiens, d’écrivains, d’élus demande une nouvelle fois dans Le Monde que « la pionnière de la lutte pour l’abolition de l’esclavage et les droits des femmes » ait sa place au Panthéon. Le 5 novembre dernier, ces historiennes organisaient, comme chaque année, un rassemblement devant le monument parisien à la date anniversaire de la décapitation de la révolutionnaire française, arrêtée par les Montagnards et guillotinée le 3 novembre 1793.
« La femme a le droit de monter à l’échafaud ; elle doit également avoir le droit de monter à la tribune » avait déclaré, peu de temps avant celle qui se battait pour la place de femmes dans l’espace public et en politique.
« Désormais considérée comme l’un des textes fondateurs du féminisme, sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne réclame, en 1791, l’accès des femmes à la pleine citoyenneté et les encourage à contribuer résolument à l’histoire en marche » rappelle la tribune qui cite nombre de mesures sociales proposées par cette grande femme politique.
Mais la réputation d’Olympe de Gouges fut longtemps salie. Les autrices de la tribune racontent : « Sa mort fut brandie comme le châtiment que mérite toute femme qui délaisse l’espace domestique et ose se mêler de politique : « Elle voulut être homme d’Etat’« et fut punie « d’avoir oublié les vertus qui conviennent à son sexe« , se félicita La Feuille du salut public. Tandis que, pour réduire au silence une députation de citoyennes, Pierre-Gaspard Chaumette, procureur de la Commune insurrectionnelle de Paris, évoqua le sort de « cette virago, cette femme-homme, l’impudente Olympe de Gouges« . »
Il a fallu des années et des batailles menées par des Historiennes féministes pour faire connaître Olympe de Gouges et ses combats. Combien en faudra-t-il encore pour qu’elle trouve sa place au Panthéon ? Un monument sur le fronton duquel est écrit : « Aux grands hommes la patrie reconnaissante ».
En 2013, son nom était cité en premier parmi les personnalités les plus dignes d’être panthéonisées par Philippe Bélaval, le président du Centre des monuments nationaux.
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En 2016, faute d’entrée au Panthéon, sous l’impulsion d’une délégation de femmes parlementaires, un buste d’Olympe de Gouges était installé en bonne place à l’Assemblée Nationale.
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Sur le piédestal de ce buste figure une citation d’Olympe de Gouges, autrice de la Déclaration des droits de la Femme et de la Citoyenne : « l’ignorance, l’oubli ou le mépris des droits de la femme sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements ».
POUR SIGNER LA PETITION : https://olympedegougesaupantheon.org/
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