Jeanne Herry, la réalisatrice de l’émouvant Pupille, revient avec un film généreux sur la justice restaurative, qui permet aux victimes et aux auteurs d’infractions de se rencontrer.
La justice restaurative est un sport de combat. C’est le premier enseignement sur lequel s’ouvre et se ferme le troisième film de Jeanne Herry, Je verrai toujours vos visages. L’expression est très juste car il s’agit d’amener victimes et bourreaux à se rencontrer. Cette initiative arrivée en France en 2014 mobilise des juristes et des bénévoles qui ont pour point commun leur foi dans la nature humaine et dans le collectif.
Nous suivons deux histoires en parallèle. La première se déroule dans une prison, où est organisée pendant environ deux mois une rencontre hebdomadaire entre trois victimes et trois détenus, qui ne sont pas leurs agresseurs. La seconde est la longue préparation d’une rencontre entre une victime et son véritable agresseur : Chloé, qui a porté plainte contre son frère pour viol et changé de vie, dialogue avec une médiatrice en vue d’un rendez-vous avec ce frère sorti de prison.
Il fallait à la réalisatrice une croyance tenace dans les bons sentiments pour se lancer dans ce sujet. Et de sacrés acteurs pour incarner une chorale de personnages cassés qui n’ont que la parole comme défense. Le casting est haut de gamme, mêlant comédiens connus et, dans les rôles des agresseurs, des acteurs peu vus au cinéma tout aussi talentueux. Ecriture précise, cadre serré, visages et parole au premier plan, la démarche de Jeanne Herry est aussi documentaire : elle a suivi des formations de bénévoles et a été accompagnée par Noémie Micoulet, de l’Institut Français pour la Justice Restaurative. C’est cet équilibre entre fiction et documentaire qui nous convainc de croire nous aussi aux bons sentiments et à la fin optimiste de ce film qui touche au mystère de la réparation.
Je verrai toujours vos visages de Jeanne Herry, France, 1h58, avec Birane Ba, Leïla Bekhti, Dali Benssalah, Elodie Bouchez, Suliane Brahim, Jean-Pierre Darroussin, Adèle Exarchopoulos, Gilles Lellouche, Miou-Miou, Denis Podalydès, Fred Testot. Produit par Les films du Tresor et Chifoumi, Distribué par StudioCanal, en salle le 29 mars.
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