Les entreprises ne doivent plus justifier les inégalités professionnelles par des choix de vie privée des femmes. C’est le principal message d’une conférence organisée par Les Glorieuses.
« Le privé est politique » martèlent les féministes. Il est aussi économique. Avant d’annoncer le prochain jour de l’année à partir duquel les femmes travaillent gratuitement (lire ici), Rebecca Amsellem, fondatrice des Glorieuses, a organisé une conférence pour présenter des « Idées lumineuses pour faire avancer l’égalité en entreprise ».
Lors de cet événement s’inscrivant dans le cadre de la Semaine de l’Entreprise Responsable et Inclusive, #SERI2023, les intervenantes ont rappelé qu’il était grand temps d’arrêter de faire porter aux femmes la responsabilité des inégalités dont elles sont victimes. Les Glorieuses ont également proposé un focus sur les violences économiques et les violences conjugales, qui sont aussi l’affaire des entreprises… et de tout le monde.
Toutes ont fait le même constat de déni de la part des entreprises. En dépit des chiffres des inégalités, chaque entreprise s’auto-persuade que le problème existe peut-être chez les autres mais pas chez elle. Et si inégalité il y a, elle s’expliquerait par des choix personnels des femmes qui donnent la priorité à leurs enfants. Et c’est bien le problème !
Margaret Johnston-Clarke, lorsqu’elle a pris ses fonctions de responsable diversité et inclusion chez L’Oréal en 2017, a commencé par recueillir des chiffres et des données pour montrer aux dirigeants de l’entreprise que certains aspects de la vie privée des salarié·es impactaient la vie de l’entreprise et réciproquement. Les grossesses des femmes, la faible implication des hommes dans l’éducation de leurs enfants aboutissent à des évolutions de carrières très favorables aux hommes. Ce qui a conduit l’entreprise à revoir sa politique de congés parentaux. Si les hommes s’absentent autant que les femmes lorsqu’ils sont parents, l’organisation du travail et des carrières va devoir changer.
Insaff El Hassani, qui a créé le podcast « Ma Juste Valeur », insiste : pour « mettre un terme aux inégalités il faut que le sujet devienne priorité, une volonté forte de la direction des entreprises. Car les inégalités sont un problème systémique, un problème d’éducation. On considère encore aujourd’hui que les femmes sont les accessoires du principal dans tous les sens du terme. » Job d’appoint au travail du mari dans le couple, accessoire valorisant l’homme par sa beauté… « Les femmes ne sont pas éduquées pour faire attention à l’argent, pour gagner et demander beaucoup d’argent. C’est celui qui crie le plus fort qui obtient une augmentation au travail. Quand les entreprises veulent avoir les meilleurs talents au moindre prix, elles embauchent des femmes. C’est un système qu’il faut casser » affirme Insaff El Hassani.
Emilie Friedli, qui a créé « maison mère » pour accompagner les femmes entrepreneuses, est bien d’accord : « ce n’est pas aux femmes d’agir pour changer mais à la société tout entière ». Les femmes ont tendance à choisir donc à renoncer : carrière ou « bonne mère ». Elles se muent aussi en super women vite épuisées. Pour inverser cette tendance, Emilie Friedli voit des méthodes assez simples à adopter par les entreprises : des quotas, de la transparence sur les rémunérations, de la flexibilité pour tous et toutes, des gardes d’enfants, des conciergeries, des bonus pour enfants ou parents à charge…
Héloïse Bolle qui a créé la société « Oseille et compagnie » a aussi voulu insister sur les violences économiques et violences conjugales. « L’égalité salariale permet de prémunir les femmes de violences économiques conjugales »
Or rappelle-t-elle, il y a un déni généralisé de ces violences économiques. Déni de la part des pouvoirs publics par exemple qui entravent l’autonomie des femmes en conditionnalisant certaines aides aux revenus de leur mari. (Lire ici). Et les inégalités salariales créent des situations de dépendance qui exposent les femmes à la violence conjugale.
« Les entreprises ne peuvent pas fermer les yeux sur un phénomène qui touche une femme sur trois » a rappelé Margaret Johnston-Clarke. Ces violences ont un impact sur les carrières des femmes. « Quand vous formez les entreprises à la lutte contre les violences économiques, vous sécurisez votre entreprise » a ajouté Héloïse Bolle.
Bref, il est temps que les politiques de ressources humaines des entreprises tiennent compte des deux moitiés de l’humanité à égalité sans considérer que l’une est « l’accessoire de l’autre ».
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