Pendant qu’Emmanuel Macron affirmait « le masculin fait neutre », le Sénat votait un texte contre l’écriture inclusive. Trop compliquée. Mais pas au point de décréter « le féminin fait neutre »
La guerre d’usure continue. Lundi 30 octobre 2023, lors de son discours d’inauguration de la Cité internationale de la langue française à Villers-Cotterêts, Emmanuel Macron a déclaré avec un petit air satisfait : « Dans cette langue, le masculin fait le neutre. On n’a pas besoin d’y ajouter des points au milieu des mots, ou des tirets ou des choses pour le rendre visible ». La veille il envoyait pourtant un message d’espoir féministe en annonçant un projet de loi constitutionnelle pour sécuriser l’IVG,.
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Et ce lundi, il adressait un clin d’œil appuyé aux conservateurs Les Républicains et Rassemblement National qui discutaient une loi contre l’écriture inclusive.
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A 221 voix contre 82, les sénateur·trices ont voté le texte « du sénateur » Pascale Gruny dans un sénat très conservateur. Ce texte, cependant, ne devrait pas aller plus loin. Son inscription à l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale n’est pas prévue.
Pourquoi pas : « le féminin fait neutre » ?
Mais ces deux attaques simultanées contre la réintroduction du féminin dans la langage -rappelons que la règle « le masculin l’emporte » a été imposée par les grammairiens au XVIIème siècle- montrent des crispations misogynes. Les sénateurs affirment qu’ils veulent en finir avec cette écriture parce qu’elle est compliquée – notamment le point médian- et pas « inclusive » pour les personnes qui ont des handicaps avec le langage… Mais ils ne proposent rien pour la rendre plus simple. Ils ne proposent pas davantage que le féminin fasse neutre…Les pourfendeur du wokisme veulent annuler l’écriture inclusive et revenir à la domination du masculin dans la langue.
Et ils sont pleins de contradictions. Le général de Gaule, dont beaucoup se réclament à tout bout de champ pratiquait l’écriture inclusive quand il commençait ses discours par « Françaises, français ». Emmanuel Macron s’adresse aussi, souvent, à « toutes et à tous »…
Difficile de ne pas voir dans ces gesticulations une résistance du patriarcat à l’égalité entre les femmes et les hommes.
Comme l’a fait remarquer la sénatrice Laurence Rossignol lors des débats houleux dans la chambre basse. Si l’écriture inclusive est militante, l’écriture consacrant la formule « le masculin l’emporte » l’est tout autant.