Aurore Bergé a annoncé la présentation prochaine d’un plan de lutte contre la prostitution qui doit être activé pendant la période sensible des Jeux Olympiques. Mais elle paraît bien seule à porter le sujet au gouvernement.
Lors d’une audition devant la délégation aux Droits des femmes du Sénat, la ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, a annoncé qu’elle allait présenter la stratégie nationale de lutte contre la prostitution au printemps. Celle-ci « va intégrer la question de la prostitution des mineurs, et particulièrement de nos enfants issus de l’Ase », l’aide sociale à l’enfance. « Il faut être très lucide : ces enfants sont des proies aujourd’hui pour le système prostitutionnel.» Elle note que les chiffres de la prostitution des mineures sont « en augmentation constante. Aujourd’hui on estime qu’on a 13% des personnes prostituées qui sont des mineurs, ce chiffre a doublé depuis 2021 », ajoutant que 15% de ces prostituées mineures étaient Françaises et « plus de la moitié » Nigérianes. Des enfants issus de la traite des êtres humains.
Et il faudra être particulièrement vigilants lors des Jeux olympiques de Paris, les compétitions sportives décuplant l’activité des proxénètes qui vendent leurs proies (voir plus bas). Une réalité décrite par exemple dans le film choc « Noémie dit oui » qui plonge dans l’enfer de la prostitution des mineures lors du Grand Prix de Formule 1 à Montréal.
Pour la ministre, les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris « sont à la fois un risque sur la question de la traite humaine et de la prostitution » et « un levier pour alerter ». Elle veut que ceux qui viendront pour les JO soient sensibilisés sur « ce que dit notre loi et sur ce qu’ils risquent en France si jamais ils ont recours à la prostitution. »
« Absolument prioritaire » ?
Si la ministre juge le sujet « absolument prioritaire », pas sûr que le gouvernement et les organisateurs des JO soient fortement mobilisés. Alors que les JO débutent dans moins de quatre mois, le ministère de l’Intérieur n’a manifestement pas pris de disposition. L’idée a encore du chemin à parcourir. Aurore Bergé a, à ce jour, proposé à ce ministère clé de « sensibiliser de manière très forte l’ensemble de celles et ceux qui s’occupent du réceptif, l’hôtellerie, les grandes entreprises. Sensibiliser aussi ceux qui vont arriver sur ce que dit notre loi, ce qu’ils risquent en France si jamais ils ont recours à la prostitution ».
Quant aux organisateurs des JO, ce n’est pas mieux. La présidente de la délégation aux droits des femmes, Dominique Vérien, qui interrogeait la ministre a alerté : « J’ai moi-même signalé ce sujet à Tony Estanguet (président du Comité d’organisation), qui semblait ne pas l’avoir effleuré pour l’instant ». Bravache, Aurore Bergé a rétorqué : « Il va plus que l’effleurer puisque c’est un sujet qui est absolument prioritaire »
La ministre risque d’être un peu seule à mener la lutte, mais elle reste déterminée et semble vouloir accéder aux demandes des associations pour aider les personnes prostituées. Elle veut renforcer les aides à la « sortie de prostitution », et partage avec ces associations le constat d’une aide financière actuelle « très faible monétairement et qui mériterait sans doute d’être revalorisée ».
Aurore Bergé veut inscrire son plan « dans les pas » de la loi de 2016, qui a abrogé le délit de racolage et l’a remplacé par la verbalisation des clients, et veut « continuer à porter cette vision abolitionniste ».
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