Alors que la plateforme TikTok est pétrie de sexisme, un mouvement appelé « Micro-féminisme » réagit avec des témoignages d’actions quotidiennes pour transgresser les normes de genre.
Tout a commencé avec une vidéo d’Ashley Chaney, animatrice et productrice aux Etats-Unis, le 26 mars sur le réseau social TikTok. « Quand j’envoie un mail à un chef d’entreprise et qu’il faut mettre son assistant en copie, si c’est une femme, je la mets toujours en destinataire principal. Peut-être que personne ne le voit mais c’est une façon de dire “on se sait”. Pareil, si j’envoie un mail à plusieurs personnes, je mets toujours le nom de la femme en premier : “Bonjour Cathy et Joe.” C’est ma forme préférée de microféminisme. Quelle est la vôtre ? » demande l’animatrice qui a récolté 2,1 millions de vues, 230.000 likes et plus de 5.000 commentaires sous la vidéo initiale.
De nouveaux messages sont apparus avec le hashtag #microfeminism dans plusieurs pays et en plusieurs langues. Et les revendications habituellement inscrites sur les pancartes des manifestations féministes ont été traduites en actes de la vie quotidienne. Le résultat est vertigineux. La variété des micro-actions féministes décrites trace un chemin pour transgresser les normes de genre.
Micro-féminisme : parole aux femmes
Beaucoup de ces témoignages ont pour point de départ la prise de parole. Dans le monde du travail : « en réunion, quand un mec coupe la parole à une femme, je fais toujours attention à ne pas regarder, à continuer à regarder la fille et à parler avec elle ». (On se souvient que cette « technique de l’amplification » avait été portée par les femmes de l’équipe Obama). A l’école, de nombreuses enseignantes disent être particulièrement attentives à donner la parole aux filles et à citer des autrices.
Beaucoup veulent cesser d’invisibiliser les femmes dans le langage : « placer le féminin avant le masculin : “bonjour à toutes et à tous” ou “mesdames et messieurs” par exemple, ou utiliser humains plutôt que les hommes » ou encore : « J’utilise toujours le féminin pour identifier, donc si tu me dis que tu es allé chez le docteur, je réponds : qu’est-ce qu’ELLE t’a dit ? ».
Charge mentale
D’autres pensent à mettre les hommes et les femmes au même niveau : « Lorsqu’un groupe de collègues masculins termine un projet ou une présentation, je ne dis pas ’’excellent travail, messieurs’’ mais ’’excellent travail, les garçons’’, de la même manière que les hommes professionnels disent ’’excellent travail, les filles’’ ».
D’autres encore tentent de faire porter la charge mentale du foyer aux hommes : «Je travaille en crèche, j’ai pour règle de toujours appeler les papas en premier quand l’enfant est malade.»
L’occupation de l’espace est recommandé aux femmes. Les féministes de la vie quotidienne conseillent de « ne pas s’écarter face à un homme dans la rue » ou ne pas croiser les jambes si l’on est assise à côté d’un homme qui fait du « manspreading », c’est-à-dire s’il s’assied confortablement dans les transports en commun en écartant les jambes.
Commentaires malveillants
Bien sûr, les commentaires des gardiens du sexisme affluent. Ils demandent ironiquement si les adeptes du micro-féminisme pensent vraiment que ça fait avancer la cause (parfois orthographié ainsi : « sa fé avancé la cose »)…
Une internaute, @anna_smgk, a publié sur X un échantillon des messages qu’elle avait reçus suite à son témoignage : « je dis que c’est important de complimenter les petites filles et que je préfère qu’on m’appelle madame et pas mademoiselle ». Insupportable pour ces donneurs de leçons. On peut lire qu’elle doit être « casse-couilles », « misandre », qu’elle fait de la ségrégation sexuelle, qu’elle ridiculise le combat féministe et que, bien sûr, elle va avoir du mal à trouver un mec… Beaucoup d’indécrottables rois du mansplaining. Mais si le micro-féminisme permet quelques micro-prises de conscience dans la tiktoksphère, c’est toujours ça de pris…
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