Le Premier ministre s’est incrusté dans un débat réunissant les têtes de listes aux élections européennes chez FranceInfo. Et Valérie Hayer, la candidate de Renaissance, dit merci au mansplaning … Zapper les femmes est très fréquent dans le parti présidentiel.
La scène est surréaliste. Ce lundi 3 juin, dans l’auditorium de Radio France un débat était organisé entre plusieurs têtes de liste aux élections européennes, dont Valérie Hayer pour la majorité présidentielle. Et soudain, le Premier ministre s’est invité sur le plateau, tout sourire, micro en main. Il sortait d’une interview sur FranceInfo dans le même bâtiment.
« Bonjour, je suis désolé, je fais irruption sur la scène » a-t-il lancé hypocritement avant de s’octroyer le temps de parole prévu pour la candidate. Une candidate qu’il prétendait « venir encourager » …
Quand la journaliste qui animait le débat, Emilie Tran Nguyen, a repris la direction des échanges faisant observer : «il ne reste plus beaucoup de temps à Valérie Hayer du coup. Vous nous laissez l’interroger quand même » Il ne s’est pas davantage démonté. «Ben voilà, c’était un petit message très court. Mais vous savez, on porte des messages en commun », a dit Gabriel Attal tout sourire donnant l’accolade à la candidate Renaissance. « Mais vous êtes inquiet, Monsieur Attal, c’est pour ça que vous la suivez partout ? Que vous ne la lâchez pas ?» a alors demandé la journaliste face à ce geste qui ressemblait à un baiser de la mort.
« Macho », « mansplaining », « femmes paillasson »…
Quelques minutes plus tard sur le plateau. François-Xavier Bellamy, tête de liste des Républicains a ironisé : «Chez nous c’est les candidats qui font campagne. On a vu le nouveau joker j’appelle un ami qui semble être de plus en plus utilisé par la candidate de la majorité», soulignant : « il y a un côté un peu macho dans cette affaire.» (Un peu ?)
François-Xavier Bellamy avait déjà copieusement critiqué le débat entre Jordan Bardella et Gabriel Attal sur France 2 et en a profité pour faire observer que le Président de la République avait aussi décidé de s’imposer dans les Journaux Télévisés de 20 heures jeudi prochain, trois jours avant le scrutin – Mais c’est à l’occasion des commémorations du 6 juin où il sera question d’Europe tout de même…
Puis Marie Toussaint, la tête de liste écologiste, n’a pas mâché ses mots : « le Premier ministre s’essuie les pieds sur Valerie Hayer. Les femmes ne sont pas des paillassons. Ce qui vient de se passer sur France Info est regrettable. Valerie Hayer est candidate, présidente de groupe au parlement. Elle mérite le respect. » Tandis que la cheffe de son parti Marine Tondelier écrivait sur X : « Est-ce trop demander que d’arrêter d’invisibiliser les femmes dans cette élection ? »
La tête de liste de la France insoumise Manon Aubry a vu dans l’intervention du Premier ministre une parfaite illustration de ce qu’est le « mansplaining », (quand un homme explique à une femme sur un ton paternaliste ou condescendant ce qu’elle sait parfois mieux que lui).
Défense acrobatique
Bien-sûr Valérie Hayer a voulu reprendre la main sur X avec une acrobatie dangereuse. « Instrumentaliser la cause féministe ne fait que lui nuire. Le véritable sexisme, c’est de penser à ma place. Parce que je suis une femme, je serais forcément invisibilisée par la présence d’un homme ? Fière que Gabriel Attal s’engage à mes côtés dans cette campagne. » a-t-elle écrit. Une certaine idée du féminisme donc…
Que pouvait-elle faire d’autre ? Si Valérie Hayer avait rué dans les brancards face aux machos qui parlent à sa place, elle ruinait ses chances de retourner au parlement européen, quittait la politique et ça faisait une femme de moins pour casser l’entre-soi masculin… Glorifier le mansplanning ou partir, c’est encore la seule alternative pour les femmes en politique. Une mise en abîme du sexisme chez les promoteurs de la Grande cause du quinquennat.
Un sexisme qui ne faiblit pas. Pendant que Renaissance essaie de sauver les meubles pour les élections européennes, les pronostics pour l’élection présidentielle vont bon train. Qui pour succéder à Emmanuel Macron ? Un de ses Premiers ministres pardi ! Les noms d’Edouard Philippe et de Gabriel Attal circulent mais tout le monde semble oublier Elisabeth Borne… L’art d’invisibiliser durablement les femmes.
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