A 10 ans, les filles en font plus que les garçons… et davantage encore si elles grandissent dans des milieux défavorisés.
Pour réaliser son Étude longitudinale française depuis l’enfance (Elfe), l’Institut national d’études démocraphiques (INED) a interrogé des enfants âgés de 10 à 11 ans nés en France hexagonale. 7.361 enfants nés en 2011 ont répondu à plusieurs questions sur des tâches potentiellement réalisables à leur âge. L’étude a été publiée dans Population et sociétés de décembre.
Les chiffres globaux montrent que ces enfants participent aux tâches quotidiennes : quatre sur dix mettent le couvert, cinq sur dix prennent soin des animaux. Un sur quatre range sa chambre chaque semaine. Plus de six enfants sur dix déclarent aider à faire la cuisine ou le ménage, la moitié à plier ou étendre le linge. Ils sont moins nombreux, quatre sur dix, à sortir la poubelle…
Les filles en font plus que les garçons…
Mais derrière ces chiffres, apparaissent de fortes disparités selon le sexe de l’enfant. « Les filles sont plus impliquées que les garçons pour la majorité des sept tâches prises en compte. Si mettre ou débarrasser la table est réalisé autant par les garçons que les filles, ces dernières sont plus nombreuses à s’occuper des animaux, ranger leur chambre, aider pour le linge et la cuisine. Elles accomplissent aussi ces travaux plus souvent. Une seule tâche est davantage effectuée par les garçons : sortir la poubelle » écrivent les chercheuses Ariane Pailhé et Anne Solaz. Une inégale répartition des tâches qui ressemble à celle observée chez les adultes.
…Quand les pères assurent, elles en font moins…
Bien sûr, les modèles parentaux influencent les comportements des enfants… Mais pas forcément en faveur d’une plus grande implication des garçons. « Dans les familles où les mères assurent la grande majorité du travail domestique, les garçons réalisent un peu moins de tâches que les filles. C’est aussi le cas quand les parents participent à égalité, ou que la mère en fait un peu plus. Dans les rares familles où les pères sont plus impliqués que les mères, les enfants réalisent moins de tâches domestiques, et ce quel que soit leur sexe, les enfants pouvant être moins mis à contribution du fait de l’investissement plus grand des pères. »
Un peu comme ces études désespérantes montrant que la diminution de l’écart entre la part de travail domestique réalisée par les femmes et par les hommes ne s’explique que par une baisse du travail réalisé par les femmes. Lesquelles assument la charge mentale et les tâches les plus routinières…
…Dans les milieux les plus défavorisés, elles en font beaucoup plus
L’autre variable creusant la différence entre filles et garçons est celle du milieu social. Quel que soit ce milieu, « la participation des garçons aux tâches domestiques et le type de tâches réalisées ne varie pas ». Mais les filles des milieux populaires, elles, sont bien plus sollicitées. Filles d’agriculteurs ou d’ouvriers, elles participent à un plus grand nombre de tâches. Tandis que les filles de cadres « aident moins souvent au ménage, à l’entretien du linge ou à la gestion des déchets, mais rangent davantage toutes seules leur propre chambre. » Leurs familles ayant souvent recours à une personne rémunérée pour s’occuper du ménage (21 % contre 11 % en moyenne).
Délit de non-partage des tâches domestiques, l’idée qui turlupine
Une application peut-elle permettre le partage égal des tâches domestiques ?
Non, les femmes ne sont pas plus multitâches
Même chez les plus jeunes, les tâches domestiques se déclinent au féminin
Corinne Maier prescrit l’égo-thérapie aux femmes