Les accidents du travail concernent de plus en plus de femmes, de moins en moins d’hommes. Sans doute en raison d’une prise en compte des risques insuffisamment genrée.
Entre 2001 et 2012, les accidents du travail en France ont fortement augmenté pour les femmes (+20,3%), alors qu’ils ont reculé dans les mêmes proportions pour les hommes. C’est le constat frappant qui ressort d’une étude de l’Anact, Agence nationale pour l’amélioration des conditions de travail, publiée le 6 mars.
Une évolution jusque là méconnue, car elle est masquée par le fait que les accidents du travail concernent encore deux fois plus d’hommes que de femmes. Cette situation s’explique en grande partie par la prédominance des risques dans le secteur du BTP, très largement masculin.
Mais ces 10 dernières années l’évolution est sans appel. Toutes les branches d’activité ont enregistré une baisse des accidents du travail concernant les hommes. A l’inverse, pour les femmes, on constate une hausse du nombre d’accidents du travail dans toutes les quasiment toutes les branches.
Le secteur le plus marquée par la hausse des accidents du travail chez les femmes est celui des activités de service (santé, nettoyage, travail temporaire) : plus 60% en 10 ans, quand la hausse des effectifs n’a été que de 15,5%. Chez les hommes employés dans ce secteur, le taux d’accidents a baissé de 27%.
Des politiques de prévention qui touchent plus les hommes
Pourquoi ces tendances divergentes ? Principale explication avancée par l’Anact :« la féminisation du secteur, notamment dans des activités exposées, et des politiques de prévention qui touchent plus les hommes que les femmes dans leurs emplois. »
Plus généralement, l’Anact souligne qu’il « existe une sous-évaluation de l’exposition aux risques et pénibilités des femmes dans certains de leurs emplois, métiers ou secteurs qui est plus marquée que pour les hommes dans certains de leurs emplois. Elle est liée à une invisibilité des risques pour certains emplois ou secteurs à prédominance féminine (service, soin, commerce, administratif…) compte tenu du fait qu’ils ont été longtemps considérés comme « légers » au contraire des emplois ou secteurs « lourds » à prédominance masculine (BTP, industrie, énergie…). »
Et l’Agence d’appeler à adopter un « regard ‘genré’ » pour adapter les politiques de santé et sécurité au travail afin d’améliorer la prévention des risques.
Le ministère des Droits des femmes n’a pas manqué de reprendre ce constat à son compte, en soulignant dans un communiqué : « Il est plus que jamais nécessaire de mieux protéger les femmes face aux nouveaux risques, en développant une approche sexuée de l’évaluation de l’exposition aux risques professionnels. Le projet de loi relatif à l’égalité réelle entre les femmes et les hommes le prévoit. »
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