Pour le magazine allemand Der Spiegel, la légalisation de la prostitution, il y a 12 ans, aura été un bienfait pour les proxénètes, mais pas pour les prostituées.
« Comment la légalisation de la prostitution a échoué. » C’est avec ce titre sans équivoque que le magazine allemand Der Spiegel (article ici en anglais) publie son bilan des conséquences de la légalisation de la prostitution, effective depuis 2001 en Allemagne.
Pour l’hebdomadaire, cette mesure n’a fait que rendre plus floues les frontières entre prostitution choisie et contrainte.
Selon les estimations, le pays compterait 200 000 prostituées, dont 65 à 80% sont étrangères, la plupart originaires de Roumanie et de Bulgarie. Le chef de la police de Münich évoque une « explosion du trafic humain » depuis ces deux pays.
Le journal évoque le « tissu de mensonges » qui s’est construit sur les supposés avantages de la loi. La légalisation de la prostitution était censée faire de la prostitution un travail comme un autre, et donc donner des droits à ces travailleurs et travailleuses du sexe.
Mais selon une étude du syndicat Ver.di, seules 1% des prostituées interrogées sont en possession d’un contrat de travail. « Aujourd’hui, beaucoup de policiers, d’associations de femmes et de politiciens qui connaissent le milieu de la prostitution sont convaincus que la loi bienveillante n’est guère qu’un programme de subvention aux proxénètes et qu’elle rend le marché plus attractif pour la traite », assène Der Spiegel.
Le gouvernement en profite aussi, en imposant des taxes aux prostituées. Mais sans leur garantir, en retour, la pleine protection des règles du droit du travail. Tandis que la concurrence fait que les prix ont baissé et que les conditions de travail sont de plus en plus dures. La prostitution est « une économie de marché radicale », témoigne un représentant des patrons de l’industrie du sexe.
Faut-il légaliser la prostitution ? Ou pénaliser les clients ? Le débat est vif dans plusieurs pays d’Europe. Voir nos derniers articles :
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