Après le hashtag #yesallwomen qui racontait sur la Toile la violence quotidienne subie par les femmes en réaction à la tuerie misogyne de Santa Barbara, avec #allmencan les hommes prennent la parole.
« Je refuse de laisser les masculinistes s’exprimer pour moi ». Ils ont entre 20 et 60 ans, viennent de tous les États-Unis, et ils posent contre le sexisme sur le site d’information américain polycimic. Depuis jeudi, 36 hommes de tous les âges et tous les milieux se mobilisent publiquement contre les violences faites aux femmes. Sur Twitter, les voix de centaines d’individus se joignent à la leur sous le hashtag #allmencan, autrement dit #tousleshommessontcapablesde. Face à l’objectif, une pancarte à la main, ils affichent leur engagement, incitant les autres hommes à faire de même : « Tous les hommes peuvent traiter les femmes comme leurs égales », « tous les hommes peuvent donner aux femmes les moyens de se réaliser », « tous les hommes peuvent arrêter de considérer les femmes comme des objets », cela sur plusieurs pages.
Le concept #AllMenCan veut montrer que « tous les hommes peuvent respecter les femmes sans pour autant perdre leur masculinité» résume le sociologue américain Michael Kimmel dans sa contribution.
Trouver des solutions ensemble
La tuerie de Santa Barbara l’a rappelé : la misogynie tue. (voir ->Elliot Rodger, assassin misogyne) Pour témoigner de la violence quotidienne qu’elles subissent, des femmes du monde entier se sont exprimées sur la Toile via le hashtag #yesallwomen. Puis des voix discordantes se sont faites entendre. « Tous les hommes ne sont pas comme ça » pouvait-on par exemple lire sur les réseaux sociaux. « Une façon de mettre fin à la conversation avant même qu’elle ait commencé » déplore la journaliste Mina Malik-Hussain dans un article sur le site d’information américain The Nation. « Bien sûr que tous les hommes ne sont pas comme ça, mais un nombre inquiétant est en train de le devenir. Et, pour comprendre cette évolution, les femmes et les hommes se doivent de trouver des solutions ensemble » poursuit-elle.
Un espace de réflexion commun, c’est exactement ce qu’offre le hashtag, se félicite le site américain #SafeDansLaRue, quand des médias confisquent la parole des femmes. « #Allmencan met en commun des idées sur la façon dont les hommes peuvent être de bons alliés dans un monde où la violence contre les femmes est rampante » peut-on lire sur le site d’informations.
Une démarche qui n’est pas sans rappeler celle en France du hashtag #safedanslarue sur Twitter. À l’origine, un tweet de l’auteure du blog CrêpeGeorgette issu de ses «commandements», dont certains à l’intention des hommes, pour lutter contre le sexisme. (voir -> #SafeDansLaRue, quand des médias confisquent la parole des femmes)
Aux États-Unis l’initiative est quasi unanimement saluée. Sur le site féministe feministing.com, la journaliste Maya Dusenbery explique « Ce qui est formidable avec ce hashtag, c’est qu’il n’utilise pas de vocabulaire faisant appel à l’imagerie du « vrai mec » ». Elle poursuit : « J’en ai plus qu’assez des gens qui tentent de convaincre les hommes de l’utilité du féminisme en leur disant que c’est ce que les vrais mecs font. Assez de ce vocabulaire qui flatte leur prétendu instinct protecteur. Ne soyez pas un vrai mec, soyez tout simplement une bonne personne ». Tout simplement.