La crise sanitaire mondiale a fait reculer l’égalité femmes/hommes dans le monde en 2020/2021. La France n’a pas rattrapé son retard.
« Il faudra 132 ans pour atteindre la parité entre les sexes », c’est le calcul du Global Gender Gap Report 2022 publié mercredi 13 juillet. Réalisé chaque année depuis 2006 par le World Economic Forum (WEF) Forum économique mondial, le rapport note que l’écart entre les sexes n’est comblé qu’à 68 % en moyenne dans les 146 pays étudiés.
Et ce chiffre montre que l’égalité des sexes est en marche arrière. 132 ans, c’est, certes, une légère amélioration de quatre ans par rapport à l’estimation de 2021 (136 ans pour atteindre la parité) mais cela ne compense pas le grand bond en arrière de 2020 et 2021 : avant 2020, le WEF avait estimé que l’écart entre les sexes devait se combler en 100 ans.
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Le rapport étudie quatre critères et les deux premiers, surtout, posent problème. Au rythme actuel des progrès, il faudra 155 ans pour combler l’écart entre les sexes en matière de pouvoir politique, 151 ans pour le pouvoir économique, et 22 ans pour combler les écarts de niveau d’éducation entre hommes et femmes. Concernant le quatrième indicateur « santé et survie », pas moyen de faire une estimation, la parité est déjà quasiment atteinte.
L’économie inquète le WEF qui parle d’une « crise imminente » pour le chômage, dont le taux était plus élevé en 2021 pour les femmes (6,4 %) que pour les hommes (6,1 %).
Saadia Zahidi, directrice générale du WEF, ne peut que rappeler ce qui a déjà été dit à maintes reprises lors de la crise sanitaire : « La crise du coût de la vie a un impact disproportionné sur les femmes, suite aux nombreuses pertes d’emploi subies pendant la pandémie et aux difficultés persistantes que rencontrent les infrastructures de soins. »
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Quels sont cependant les pays les plus avancés dans la résorption du « gender gap » ? L’Amérique du Nord est la mieux située : il lui faudrait 59 ans pour combler les écarts selon les calculs du WEF.
L’Europe présente le deuxième niveau le plus élevé de parité à 60 ans. Le vieux Continent est tiré par l’Islande, la Finlande et la Norvège qui occupent les premiers rangs du classement dans le monde et dans la région. L’Allemagne fait son entrée dans le Top 10 mondial grâce notamment à de bons scores sur les critères politique et éducation.
Et la France ? Elle n’occupe que la 15ème place au niveau mondial et la 10ème au niveau européen. 15ème, c’est certes une place plus haut que l’an dernier mais c’est aussi trois rangs derrière son score de 2018. Et la France est revenue à son niveau de 2014, atteint après un bond réalisé grâce notamment à la constitution d’un gouvernement paritaire.
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L’égalité femmes-hommes en France souffre des mêmes retards que l’an dernier. Si elle est championne de l’égalité dans l’éducation, dans le secteur de l’économie, les femmes sont toujours mal traitées. Elles perçoivent, en moyenne, 73 % du salaire que perçoivent les hommes. Et elles sont sur représentées dans les métiers les moins rémunérateurs comme ceux de la santé (74 %), des arts et des sciences humaines (70 %). En revanche, on les cherche dans les métiers bien rémunérés et qui conduisent à des postes de dirigeants qu’il s’agisse des métiers de l’ingénierie (26 %) ou des technologies de l’information et de la communication (16,5 %).
Bien que l’égalité femmes-hommes soit la grande cause du quinquennat, la France n’a pas fait mieux que les autres pour sortir de la crise sanitaire par le haut. Saadia Zahidi le déplore : la pandémie a eu des conséquences économiques et sociales qui ont « aggravé la situation des femmes et risquent de créer des cicatrices permanentes sur le marché du travail ».