Après les Primaires socialistes vient le temps des investitures pour les législatives de 2012. Le parti respectera sans doute l’obligation de présenter 50% de femmes candidates… Mais beaucoup seront dans des circonscriptions ingagnables.
Si l’Etat major du PS fait pression sur ses fédérations pour qu’elles désignent assez de femmes candidates aux législatives, si François Hollande est élu président, si une vague rose le suit à l’Assemblée nationale à tel point que des circonscriptions réputées imprenables tombent à gauche… Bref, si Paris est mis en bouteille rose… Alors, il se pourrait que la parité soit presque atteinte dans le groupe PS à l’Assemblée nationale en 2012. Mais aujourd’hui, à moins d’un mois de la clôture des investitures, ce n’est pas gagné ! Beaucoup de candidates risquent seulement de faire de la figuration dans des circonscriptions acquises à la droite.
Pour elles les circonscriptions ingagnables…
Mardi, un groupe d’élues du Val-de-Marne publiait un appel à la parité très explicite dans Le Plus. En superposant une carte (réalisée par Le Monde) des circonscriptions gagnables par la gauche et la carte des circonscriptions dans lesquelles sont investies des femmes du PS, le tour de passe passe est évident : la fédération a bien l’intention d’investir des candidates socialistes mais, écrivent les auteures de l’appel, « dans le Val-de-Marne, aucune des circonscriptions réservées aux femmes n’est gagnable. Aucune ? Aucune ! »
Et ce n’est pas tout, le PS a abaissé ses ambitions. « Il y a un an, il devait y avoir parité département par département et finalement, il a été décrété que la parité serait au niveau national », grince une élue. Du coup, certains départements comme les Landes, acquis à la gauche, n’ont que des hommes candidats. L’Aude a bien failli être logée à la même enseigne mais la commission d’investiture a fait pression sur la fédération départementale pour qu’au moins une femme soit désignée. En revanche, dans les Yvelines, fief de la droite, les huit circonscriptions perdues d’avance sont réservées à des femmes, et sur les deux gagnables restantes, il se pourrait bien que Benoît Hamon s’impose dans la 11ème circonscription que Catherine Tasca avait fait basculer à gauche en 1997.
… et le retrait au profit des partis partenaires
Autre obstacle pour les femmes du PS : il arrive souvent qu’elles doivent s’effacer lorsque leur parti décide de céder une circonscription à un autre parti de gauche. Le possible « parachutage » de Cécile Duflot, leader d’Europe écologie – les Verts (EELV), à Paris fait grincer en particulier dans la 5e circonscription (IIIe et Xe arrondissement) où le socialiste Tony Dreyfus pourrait ne pas se re-présenter. Pour lui succéder, plusieurs élues sont sur les rangs et en particulier Olga Trostiansky, adjointe au maire de Paris et élue du Xe qui se verrait bien faire augmenter la proportion d’élues PS à Paris. « Je suis élue dans cet arrondissement depuis quinze ans et actuellement il y a six hommes et quatre femmes députés PS, ce ne serait pas idiot d’être à parité » a-t-elle dit à l’AFP.
Un travail de longue haleine
Bien sûr, il est des départements exemplaires comme le Finistère où la parité est respectée depuis 2007. « Et, sur la France, la situation est bien meilleure qu’en 2007 », tempère Gaëlle Lenfant, secrétaire nationale aux droits des femmes, qui va avoir fort à faire. « Le changement est un travail de longue haleine. Si le Finistère a de bons résultats c’est parce qu’il y a un travail des élues en amont depuis de nombreuses années. » Et puis on a vu souvent des femmes partir à l’assaut de fiefs réputés à droite avec énergie et finir par l’emporter, comme Michèle Delaunay à Bordeaux. Mais quelques hirondelles ne font pas le printemps et il faut multiplier les démarches volontaristes pour avancer. « Cette fois-ci, nous aurons parité dans le nombre de candidats », assure Gaëlle Lenfant. « Pour arriver à 50 % d’élues nous devons encore travailler et rester très vigilants. Il faut rester mobilisé jusqu’au bout. Les femmes disparaissent souvent des listes au dernier moment quand ceux qui décident prennent en compte les différents courants ou la place qu’il faut faire aux partis partenaires… A ce moment là, la parité devient un critère mineur. Il faut ouvrir l’œil pour que ce critère ne passe pas à la trappe. »
Mieux que l’UMP
Elle s’enorgueillit en tout cas de faire mieux que l’UMP. En face, le secrétaire général du parti, Jean-François Copé, reconnaît souvent que la situation n’est pas terrible. Interrogé sur la parité à la dernière université d’été du Medef, il a donné son explication : difficile de dire à un sortant de laisser sa place à une femme et comme son parti est puissant, il a beaucoup de sortants… Et de tacler ses adversaires : « C’est plus facile quand on a peu d’élus ! » Vraiment ?