
Photo Campaña Nacional por el Derecho al Aborto Legal, Seguro y Gratuito. Manifestation du 19 février 2018
Les Sénateurs argentins ont cédé à la pression de l’église et voté contre la légalisation de l’IVG.
Le 9 août les sénateurs argentins ont dit non au texte prévoyant le droit à l’avortement sans condition jusqu’à 14 semaines de grossesse. 38 voix contre, 31 pour et deux abstentions à l’issue de 16 heures de débats.
Si les militant·e·s du droit à l’avortement sortent de cette épreuve dépitées, elles peuvent quand même être fières d’avoir remporté quelques victoires dans les institutions et dans la rue.
En février dernier, elles ont d’abord réussi à convaincre le président de droite Mauricio Macri d’ouvrir le débat au Parlement. Elles étaient des milliers à avoir manifesté devant le Congrès pour « L’avortement légal, maintenant », en arborant du vert, couleur du mouvement.
Voir : Argentine : place au débat sur l’avortement
En juin dernier, la Chambre des Députés d’Argentine adoptait la loi de justesse par 131 votes pour, 125 contre, et une abstention. Une nouvelle fois, elles avaient été des centaines de milliers de militantes dans les rues du pays pour convaincre ces députés de voter la loi.
Voir : Victoire en Argentine, la Chambre des Députés dit oui au droit à l’avortement
Cette fois-ci, elles ont encore été des centaines de milliers à descendre dans la rue, soutenues par des manifestantes partout dans le monde comme à Paris mercredi 8 août, à l’initiative d’Amnesty International.
Mais l’église a aussi mobilisé ses ouailles. Face aux militantes en vert, ils étaient aussi des centaines de milliers à avoir répondu à l’appel des églises. Le fait d’avoir un pape argentin à Rome renforce l’influence déjà très forte de l’église sur la population. Deux jours après le vote à l’Assemblée nationale, lors d’une réunion avec des associations familiales au Vatican, Le pape avait honni l’avortement avec des mots très durs : « au siècle passé, tout le monde se scandalisait de ce que faisaient les nazis pour purifier la race. Aujourd’hui, on fait la même chose, mais avec des gants blancs ».
Voir: Nouvelles attaques du pape contre l’avortement
Quelques jours avant le vote il adressait une lettre aux catholiques argentins pour qu’ils se mobilisent.
Depuis 1921, l’avortement est considéré comme un délit par le code pénal argentin.sauf en cas de viol et lorsque la santé ou la vie de la femme enceinte est en danger. La Campagne nationale pour le droit à l’avortent sûr, légal et gratuit estime jusqu’à 500 000 le nombre d’Argentines qui avortent illégalement chaque année. Et chaque année, une centaine d’entre elles y perdent la vie.
Pour l’instant, en Amérique latine, l’avortement est autorisé seulement en Uruguay, à Cuba et en Guyane. Pour l’Argentine, il faudra à nouveau mener bataille mais pas tout de suite puisque la loi prévoit un délai d’un an pour qu’un nouveau projet soit réexaminé par le Parlement après un rejet. En attendant, les militant·e·s appellent les électrices et électeurs à se souvenir de ce vote lors des élections de 2019.