Des journalistes, aux Etats-Unis, se permettent une petite critique de la présentation du baiser du Prince par Disney… Haro sur les féministes accusées de vouloir tout censurer.
De l’art d’inventer les polémiques pour décrédibiliser le féminisme. « Censure : Blanche-Neige à son tour ciblée par la “cancel culture” » écrit l’insubmersible Valeurs Actuelles . A peine plus nuancé, le Point titre «La « cancel culture » s’attaque cette fois à Blanche-Neige». Le Figaro dénonce « La cancel culture s’attaque ‘au baiser non consenti’ et donc ‘subi’ par Blanche-Neige » et se demande : « Va-t-on assister à la création du hashtag « Balance ton prince » ?» Tandis que nombre de journaux se contentent de dire que « le baiser du Prince fait polémique ». Sur les réseaux sociaux, c’est un festival de haine contre de supposées « khmers féministes » qui voudraient censurer les contes de fées. Encore une fois, des conservateurs font dire aux féministes ce qu’elles n’ont jamais dit, pour mieux les discréditer.
De quoi s’agit-il ? Tout est parti des Etats-Unis. Un conte de fée adapté en attraction dans les parcs de Disney a fait l’objet d’une toute petite critique à la fin d’un article dithyrambique dans le San Francisco Gate. Cette micro-critique qui a servi d’étincelle porte sur une phrase écrite par Disney pour expliquer son attraction : « Un baiser d’amour véritable réveille Blanche-Neige ». Et les journalistes du SFgate écrivent avec pédagogie : « Le nouveau grand final de « Snow White’s Enchanted Wish* est le moment où le Prince trouve Blanche-Neige endormie par le sort de la méchante sorcière et lui donne un « baiser de véritable amour » pour la libérer de l’enchantement. Un baiser qu’il lui donne sans son consentement, tandis qu’elle dort, et qui ne peut en aucun cas être celui du véritable amour, puisque seule une personne a conscience du baiser. »
Fantasmes
A aucun moment, elles n’appellent à censurer quoi que ce soit, elles critiquent simplement la façon dont ce baiser est présenté par la firme. Signalons au passage que la critique féministe des contes de fées est quasiment aussi vieille que les contes eux-mêmes. Une sociologue américaine, Colette Dowling a par exemple écrit dans les années 80, un ouvrage appelé « le complexe de cendrillon », un complexe qui viendrait coller dans l’inconscient des femmes la peur d’être indépendante.
Mais la chaîne FoxNews n’a pas goûté la critique de ses consoeurs. Elle en a rajouté jusqu’à ce que la presse internationale s’empare du sujet et dénonce, comme elle, une censure qui n’existe pas. Plusieurs émissions de télévision en France ont fait venir sur leur plateau des féministes sommées de dire qu’elles complotaient pour détruire les contes de fée. Et comme toujours, ce sont les mêmes qui reprochent aux féministes de s’attaquer à des sujets futiles… et qui se battent avec la dernière énergie contre une idée de censure que ces féministes n’ont même pas caressée. Et si ces bruyantes indignations à partir de rien voulaient simplement faire taire la critique féministe ? Qui veut censurer qui ?
On se croirait de retour à l’époque des « ABCD de l’égalité » quand des « dérangés du genre » faisaient croire qu’on allait apprendre aux enfants à se masturber dès la maternelle ou rebaptisaient « Pol pot » les initiatrices de cette idée d’éducation à l’égalité. (lire Les dérangés du genre à l’assaut des écoles ou Les « anti-genre » brandissent (encore) la masturbation à l’école).
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