Si LVMH voulait accréditer l’idée -fausse ! – selon laquelle la parité conduit à choisir des femmes non compétentes pour le job… Il ne s’y prendrait pas autrement.
En nommant Bernadette Chirac à son conseil d’administration, le groupe de luxe n’a pas opté pour l’expérience du business pourtant indispensable à la fonction.
« Mme Chirac a été pendant douze ans la première dame de France, elle a toujours défendu la mode et les artisans en assistant régulièrement aux défilés. Enfin le groupe souhaitait féminiser le conseil. » Les trois arguments avancés à l’AFP par le groupe montrent que l’ex-première dame de France n’est pas une pointure dans la gestion d’entreprise.
LE VIVIER DE FEMMES EXISTEPlusieurs initiatives veulent mettre en lumière les candidates potentielles. – WCD Paris. L’antenne française du réseau américain Women Corporate Directors regroupe des femmes déjà administratrices ou compétentes por l’être et désireuses de le devenir. – Women on board. L’Institut français des administrateurs (IFA) prépare avec l’association European Professional Women’s Network un programme d’accompagnement baptisé « Women on board ». – BoardWomen partners. S’inspirant d’un programme né il y a cinq ans à la Bourse de Londres, Marie-Claude Peyrache, ancienne cadre dirigeante de France Télécom et Véronique Préaux-Cobti, directrice générale du cabinet de conseil Diafora mobilisent 20 grands patrons autour du programme « BoardWomen Partners ». Chacun accepte de jouer le rôle de mentor pour une femme d’une autre entreprise identifiée par l’un de ses pairs. |
Premièrement, ce n’est pas pour son mérite qu’elle est nommée mais pour celui de son mari. Bernard Arnault, le Pdg de LVMH, la présente d’ailleurs avec un très désuet « Mme Jacques Chirac » pendant l’AG. Deuxièmement : frivole, elle défend la mode. Et, enfin, elle sert d’alibi féminin à un conseil d’administration (CA) dont la seule autre femme est la fille du président du groupe.
Concentration des pouvoirs
Les partisans et surtout les partisanes de la parité en économie ne décolèrent pas. En silence. Car dans le milieu de la haute économie tout le monde se tient par la barbichette. Et même si, de barbichette elles n’ont point, mieux vaut filer doux… Les femmes qui ont un pédigrée d’administratrice ne veulent pas prendre un risque supplémentaire d’être écartées des nominations.
Ainsi, la valse des nominations aux CA des grandes entreprises, dont LVMH vient d’ouvrir la saison, s’annonce bien mal. Et pourtant, ces cénacles étaient supposés anticiper la loi présentée par Marie-Jo Zimmermann qui entend féminiser les CA en les obligeant, progressivement à compter 20 % de femmes dans leurs rangs dans trois ans et 40 % dans six ans, contre moins de 10 % aujourd’hui.
Voté par l’Assemblée le 20 janvier, le texte sera examiné par le Sénat en juin. Cette loi veut aussi en finir avec la «Concentration des pouvoirs » corolaire de la non féminisation du milieu. Selon l’exposé des motifs, sur 500 administrateurs des sociétés du Cac 40, 98 s’adjugent 43 % des mandats. Le texte limiterait le cumul à 3 postes en France et à l’étranger, au lieu de 5 en France actuellement.
Consanguinité
Depuis que le travail législatif était lancé, l’idée de féminiser les têtes de l’économie faisait son chemin. Daniel Lebègue, président de l’Institut français des administrateurs (IFA), allait même jusqu’à soutenir l’idée des quotas. Jean-Pierre Jouyet, le président de l’Autorité des marchés financiers (AMF) abondait dans son sens estimant que trop de consanguinité des instances dirigeantes pouvait nuire à la bonne gouvernance. Ce lundi, le code Afep-Medef * a inscrit une nouvelle règle : les conseils d’administration des groupes cotés devront accueillir au moins 20% de femmes d’ici à trois ans et 40% à l’horizon de six ans. Un moyen d’éviter le vote de la loi Zimmermann décriée par une bonne partie des sénateurs UMP, soupçonnent certaines élues socialistes. Un code n’est pas contraignant. Une loi oui !
Cette nouvelle sagesse répond à de multiples critiques dépassant la question de la mixité : critiques sur le lien entre la rémunération des dirigeants et les performances obtenues ou encore sur le fonctionnement des conseils d’administration, courroie de transmission entre investisseurs et dirigeants. Selon une enquête du cabinet-conseil Capitalcom, 82 % des actionnaires jugent que les conseils n’ont pas joué leur rôle pendant la crise.
Indépendance et diversité devaient être les maîtres mots de la valse des administrateurs. La loi qui s’annonce devait introduire plus de professionnalisation et moins de copinage dans le recrutement des administrateurs… On en est encore loin.
*Association française des entreprises privées et Mouvement des entreprises de France
Photo : Assemblée générale 2010 LVMH, le 15 avril 2010