Une étude choc sur la dangerosité d’un maïs OGM enflamme les médias et les politiques. Mais les contre-feux sont déjà apparus.
L’étude menée par l’équipe de Gilles-Eric Séralini sur la toxicité d’un maïs génétiquement modifié de Monsanto, dévoilée par le NouvelObs qui en a eu la primeur, fait l’effet d’une bombe.
Le gouvernement français prend cette étude « très au sérieux » et a saisi l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail et le Haut Conseil des Biotechnologies. Et la vague est remontée jusqu’à Bruxelles, note Euractiv.fr : la Commission européenne a également aussitôt réagi en saisissant l’agence européenne de sécurité alimentaire. A terme, l’autorisation d’importation dans l’Union européenne du maïs NK 603 pourrait être suspendue.
« C’est exactement ce que je demandais », se réjouit Corinne Lepage, commanditaire de cette étude, et qui publiera vendredi 21 septembre un livre consacré aux OGM. L’ancienne ministre réclame que soient menées sur les OGM des études officielles à un rythme soutenu.
Car déjà des critiques apparaissent sur le sérieux de l’étude « choc » menée par Gilles-Eric Séralini. « Si les résultats se confirment, c’est le scoop du siècle. Et dans ce cas il faudrait interdire les OGM dans le monde entier », commente un spécialiste, Gérard Pascal, sur Sciences et Avenir. Mais il met en doute les conditions de réalisation de l’étude, et réclame même « une commission d’enquête sur le laboratoire dans lequel les expériences ont été faites. » Sur Slate.fr, Jean-Yves Nau évoque également les doutes, et s’étonne de « la réactivité, totalement inhabituelle, du gouvernement français (…) Tout se passe, une nouvelle fois, comme si les responsables politiques tenaient à se prémunir d’une éventuelle responsabilité sanitaire future ». L’Association Française pour l’Information Scientifique dénonce un « show politico-médiatique ». Mais cette association est apparue par le passé, souvent favorable aux OGM.
Au final, donc, difficile pour le grand public de se faire une idée précise à ce jour.