C’est la polémique incontournable de l’été. Un concours de zizi sur le dos des femmes… qui envenime le sujet.
Cet été, des femmes s’exposent sur les plages en burkini et réveillent la polémique ouverte au mois de mars dernier, lorsque des marques de vêtements ont mis ces nouveaux costumes sur le marché. Tout part à vau-l’eau dans un savant jeu de chaises musicales de victimes – de racisme ou de terrorisme. Les femmes, concernées au premier chef, sont juste les instruments de la polémique.
En Haute-Corse, à Sisco, une bataille entre une famille maghrébine et de jeunes Corses a d’abord été rapportée par la presse locale comme étant causée par le port du burkini. Puis il a été dit que l’objet du courroux était l’occupation de l’espace ou des photos de femmes prises par les jeunes Corses et par des touristes. Bref c’est confus.
Toujours est-il que, dans la foulée, les maires de plusieurs villes allant de la Corse au Pas-de-Calais ont interdit le port du burkini sur les plages avec des arguments qui semblent parfois mettre de l’huile sur le feu. Thierry Migoule, directeur général des services de la ville de Cannes explique au Parisien : « Il ne s’agit pas d’interdire le port de signes religieux à la plage, mais les tenues ostentatoires qui font référence à une allégeance à des mouvements terroristes qui nous font la guerre. » Sur France TV info, il ajoute que se baigner sans se découvrir, est, à ses yeux, « un signe ostentatoire d’adhésion à un mouvement qui nous combat, au jihadisme ».
Voilà qui ressemble fort à un concours de zizi instrumentalisant les femmes sur un mode « tu leurs mets le burkini, je les oblige à l’enlever et on va voir kikalaplusgrosse ».
En attendant, ce sont les femmes qui sont verbalisées, condamnées et pas les prêcheurs décidant de ce qu’il doit advenir de leur corps. En jouant la carte du rapport de force, ces maires offrent un boulevard aux promoteurs de la burqa et autres tenues dites « pudiques » pour se placer en victimes. Le risque est de fausser le débat en mettant dans le camp des racistes et anti-musulmans toute personne opposée au port de vêtements dissimulant le corps des femmes pour le soustraire à la concupiscence supposée des hommes. Et faire taire les arguments contre la burqa.
Faut-il rappeler qu’être contre la burqa ou même le voile ce n’est pas être hostile aux femmes qui le portent mais au symbole que ces vêtements représentent pour les droits des femmes ? On peut être contre la pauvreté mais pas contre les pauvres, être hostile à la prostitution mais pas aux prostituées, souvent victimes de traite des êtres humains…
Faire du contrôle du corps des femmes un sujet de rapport de force entre hommes politiques est assez contre-productif. C’est à l’école, dans les œuvres culturelles, dans les médias d’information nourrissant l’imaginaire collectif qu’il faut parler d’égalité des sexes. Sans arrière-pensée politicienne. (A noter : pendant ce temps des parlementaires manœuvrent en douce pour éviter la loi sur le non-cumul des mandats, une loi qui permettrait à davantage de femmes d’être élues.)