Féministe, scientifique, écologiste, la nouvelle présidente du Mexique Claudia Sheinbaum, largement élue, annonce « Le temps des femmes et de la transformation. »
« Ce 2 juin nous allons entrer dans l’histoire », avait promis Claudia Sheinbaum, lors de son meeting de fin de campagne à Mexico mercredi dernier. Et ce dimanche, ce fut une entrée en fanfare pour la candidate du Mouvement de régénération nationale (Morena) !
Première femme élue présidente depuis 200 ans de République au Mexique, Claudia Sheinbaum, est aussi la présidente qui aura obtenu le plus fort score à une élection présidentielle avec plus de 58 % des voix. La coalition gouvernementale menée par Morena obtient aussi une large majorité au Sénat et à la Chambre des députés.
Transformation sociale face à la violence
Ex-maire de Mexico, Claudia Sheinbaum, veut poursuivre la «transformation sociale» du pays amorcée par son prédécesseur et mentor Andrés Manuel López Obrador et engager un tournant féministe. Elle veut reprendre et amplifier les politiques de redistribution vers les personnes âgées ou les mères célibataires, évoque des projets d’infrastructure phares dans les régions historiquement pauvres, veut élargir le rôle de l’armée dans des domaines habituellement réservés à la société civile, tels que la sécurité intérieure…
Car la nouvelle présidente est élue dans un contexte de très fortes violences. Pendant la campagne, au moins 25 candidats ont été tués, selon l’AFP. La présidente veut aussi en finir avec la violence des cartels de la drogue et prendre des dispositions sérieuses contre la violence machiste.
Traitement judiciaire des violences machistes
Claudia Sheinbaum l’a annoncé : « C’est le temps des femmes et de la transformation. Cela signifie vivre sans peur et libérées de la violence » Dans un pays qui a compté 10 féminicides par jour en 2023 selon l’ONU Femmes et où 70 % des Mexicaines de plus de 15 ans ont fait l’expérience de la violence au moins une fois dans leur vie, il y a urgence à agir.
La présidente veut améliorer le traitement judiciaire des violences misogynes au Mexique alors que, aujourd’hui, dans neuf cas sur dix, une relaxe est prononcée. Elle veut créer un parquet spécialisé dans les féminicides (beaucoup sont encore classés comme suicides), imposer l’éloignement du conjoint violent…
Scientifique, écologiste, féministe
Issue d’une famille de scientifiques, Claudia Sheinbaum s’est d’abord orientée vers les sciences dures et a obtenu un doctorat en ingénierie énergétique. Elle est entrée en politique en 2000, aux côtés du maire de Mexico qui la nomme élue à l’Environnement. En 2006, son parti n’a plus la majorité et elle retourne dans la recherche et contribue aux travaux du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (Giec). Elle participe notamment à la rédaction d’un chapitre au rapport consacré à l’atténuation du changement climatique. En 2018, elle est la première femme élue maire de Mexico.
Une scientifique, écologiste, féministe pour entrer dans « Le temps des femmes et de la transformation. » Interviewée par Libération quelques jours avant l’élection, elle affirmait : «Je veux être reconnue comme la présidente de l’éducation, des énergies renouvelables et des femmes».
La victoire de Claudia Sheinbaum est saluée par les féministes en France. Il ne faudrait pas que cet engagement dans une politique féministe l’épuise comme elle a épuisé l’ex première ministre néozélandaise (Lire « JE SUIS UN ÊTRE HUMAIN », JACINDA ARDERN, PREMIÈRE MINISTRE NÉO-ZÉLANDAISE, DÉMISSIONNE) Ou qu’elle soit confrontée à la « falaise de verre ». (Lire : REMANIEMENT : GRANDE CLAQUE NATIONALE DU QUINQUENNAT POUR LES FEMMES)