Yves Mersch décroche son siège au directoire de la BCE, une instance dirigée uniquement par des hommes. Mais les critiques sont plus vives que jamais, surtout parce que l’avis du Parlement a été ignoré. Florilège des réactions.
La fin d’un long feuilleton. Les chefs d’États et de gouvernements de l’Union européenne ont entériné, jeudi 22 novembre, la nomination d’Yves Mersch au directoire de la BCE. Il prendra ses fonctions le 15 décembre.
Mais cette nomination laisse un goût très amer. Car la Banque centrale européenne sera ainsi, sauf démission ou décès, dirigée uniquement par des hommes jusqu’en 2018. Mais aussi parce qu’en validant cette nomination, les dirigeants européens ont passé outre (comme ils en avaient le droit, il est vrai) l’avis du Parlement. C’est ainsi que la presse, en général, commente la situation aujourd’hui.
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Certes, c’est justement pour dénoncer l’absence de femme à la BCE que les eurodéputés avaient dit leur opposition à la nominationd’Yves Mersch, le 25 octobre. Mais le fait que les chefs de l’exécutif se soient assis sur cet avis du Parlement est perçu par les commentateurs comme un déni de démocratie.
« Avec cette nomination, le conseil européen prouve la vraie valeur du parlement européen dont, depuis le traité de Lisbonne, on nous assure pourtant qu’il a désormais un ‘vrai’ pouvoir », déplore LaTribune.fr – qui se montre tout aussi critique sur le profil du nouveau membre de la banque centrale européenne et sur ce que dit cette nomination sur le nouvel équilibre des pouvoirs au sein des 27.
« Les gouvernements montrent leur attachement à la démocratie », ironise sur Twitter le correspondant de Libération à Bruxelles, Jean Quatremer.
« Coup de force institutionnel »
Au Parlement européen, Sharon Bowles, l’une des chefs de file de la fronde contre la nomination d’Yves Mersch, se montre plus franche : « La BCE a désormais un membre de son instance la plus élevée qui n’a pas de mandat établi de manière démocratique», s’insurge l’eurodéputée, pour qui « les chefs d’Etat et de gouvernement ont envoyé un signal clair de leur idée du processus démocratique: un outil pour la forme, dont on peut se passer quand il énonce des vérités qui dérangent ».
Le groupe parlementaire des Libéraux et Démocrates n’est pas en reste, fustigeant « un coup de force institutionnel », et soulignant que « la photo de famille de la BCE sera aussi ridicule que celle du Présidium du Parti communiste chinois » (et encore : les 27 plus hauts responsables de la BCE sont désormais tous des hommes, et il y a deux femmes parmi les 25 plus hauts dirigeants chinois).
Plus diplomatique, le président du Parlement européen se montre néanmoins critique, lui aussi : « du point de vue de la bonne coopération entre les institutions, ce n’est pas un pas dans la bonne direction », estime Martin Schultz.