Dans l’affaire dite french bukkake, la Cour de cassation, affirme qu’il faut retenir les circonstances aggravantes de sexisme et de racisme et considère que les tournages de ces films porno relèvent du proxénétisme. L’affaire est renvoyée devant une Cour d’assises.
« Une décision historique de la Cour de Cassation » saluent les principales organisations féministes. Le 16 mai dans l’affaire dite French Bukkake la plus haute juridiction a décidé de « censurer une décision de la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris de février dernier qui était profondément entachée de stéréotypes sexistes et racistes, et gravement défavorable aux victimes. » affirme le communiqué des plus importantes associations féministes.
Sexisme, racisme et proxénétisme
La Cour de Cassation a reconnu les circonstances aggravantes de sexisme et de racisme dans des viols commis lors de tournages de films pornographiques. Et elle indique que ces vidéos relèvent « du proxénétisme et de l’exploitation sexuelle ».
Pour rappel, entre 2015 et 2020, 16 hommes, dont le producteur Pascal Ollitrault, ont été mis en examen pour des faits de viols en réunion, traite d’êtres humains et proxénétisme aggravé. Ils avaient mis au point un système sordide de recrutement de femmes fragiles financièrement qu’ils mettaient à disposition d’hommes tournant des scènes d’une extrême violence, pour la plateforme désormais fermée « French Bukkake ». Ces hommes garantissaient leur impunité en faisant passer ces viols filmés pour de l’art cinématographique.
Lire : Pornocriminalité : attention à la contre-offensive médiatique !
La Cour de Cassation a estimé que le fait de tirer profit de « la participation payante de tiers à des activités sexuelles filmées et de la vente de vidéos ainsi réalisées, activités pour lesquelles de jeunes prostituées rémunérées ont été recrutées par le biais d’une annonce trompeuse et qui, au prétexte d’une production cinématographique, seraient en réalité les victimes de viols multiples » relève du proxénétisme.
Torture et actes de barbarie
Un regret cependant : que la « Cour de cassation n’ait pas censuré le raisonnement de la chambre de l’instruction qui a écarté la circonstance aggravante de torture et actes de barbarie, choix qui relève également de biais sexistes. » Mais les associations se rassurent : «dorénavant l’affaire sera jugée devant une Cour d’assises, les parties civiles et le parquet pourront, à l’audience, développer des arguments autour de cette circonstance aggravante, qui pourra alors être retenue. »
Cette évolution de la justice couronne le travail colossal mené pas les associations féministes depuis des années, face au rouleau compresseur des industriels du porno qui s’entourent des plus grands et riches cabinets d’avocats et de lobbying.
Citons les rapports du HCE. Lire : Contre la pornocriminalité, le HCE dénonce l’inaction des autorités. Un rapport sénatorial : Le Sénat vote en faveur de la lutte contre les violences pornographiques. Et le travail des juristes des associations féministes qui paie parfois : La lutte contre la pornocriminalité avance.
Supprimer les vidéos
Les associations féministes espèrent que cette décision de justice aura « des conséquences sur l’ensemble du milieu pornographique, qui jouit d’une incompréhensible impunité depuis toujours, alors que, comme le rappelle la Cour de cassation, il prospère sur des actes illégaux relevant de l’exploitation sexuelle et de la criminalité organisée. »
Une nouvelle fois, ces associations appellent la justice à lutter contre la victimisation secondaire en exigeant que les vidéos des femmes qui ont été violées, torturées, humiliées lors des tournages, soient retirées. « Ces diffusions illicites de viols sont une violation manifeste de leur vie privée, droit qui est pourtant garanti par des directives européennes et différents textes internationaux à valeur contraignante. »