Pour l’ancien député, il est normal de dire à sa femme « tu t’habilles comme une salope ». Le même dénonçait, pour justifier l’interdiction du voile intégral, le « rapport homme-femme fondé sur la domination ».
Le maire UMP du Raincy, Eric Raoult, entendu mercredi 10 octobre pour violences conjugales, s’est expliqué le lendemain au micro d’Europe 1. Il assure n’avoir jamais frappé sa femme. « Je l’ai insultée, c’est vrai », se défend-il. « Mais dire à son épouse, qui a 15 ans de moins que vous, ‘tu t’habilles comme une salope’, ce n’est pas une violence conjugale ».
Il n’y a pas si longtemps, Eric Raoult avait pourtant d’autres vues en matière de contrôle vestimentaire. Voilà deux ans, l’ancien député était en première ligne du travail parlementaire qui a abouti à l’interdiction du voile intégral dans l’espace public. Il était même le rapporteur de la mission d’information parlementaire, dont les conclusions portaient un regard sur les violences bien éloigné de celui du Eric Raoult d’aujourd’hui.
La contrainte du port du voile intégral « constitue une forme de violences faites aux femmes », soulignait le rapport parlementaire. Et le député Raoult s’emportait contre ces « idéologies qui tentent d’imposer un rapport homme-femme fondé sur la domination, la pression et même la menace, ce qui est proprement inacceptable. »
La mission d’information sur le voile intégral évoquait encore « les liens pervers que le dominant tisse avec sa victime ». Souligner que son épouse a « 15 ans de moins », comme si c’était une circonstance aggravante – et sa faute à elle – ne participe-t-il pas aussi d’un rapport de domination ?
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Photo : Eric Raoult,meeting de Nicolas Sarkozy au Raincy (26 avril 2012) © UMP Photos