Et la dépression post-partum, on en parle ? Chez Lynne Ramsay, Jennyfer Lawrence et Robert Pattinson se démènent pour incarner les déchirements de leur couple à l’arrivée d’un bébé. Sans parvenir à convaincre.

Jennifer Lawrence (« Winter’s bones », « Hunger Games », Oscarisée pour « Happiness Therapy ») est une comédienne américaine surdouée, une féministe militante, une productrice, mais aussi une femme qui a souhaité s’éloigner momentanément du monde du cinéma avant même d’atteindre la trentaine. Quand elle a découvert le livre « Die, my love » (« Crève mon amour ») de l’argentine Ariana Harwicz, elle a contacté la cinéaste Lynne Ramsay pour s’offrir ce rôle à la Gena Rowlands.
Dans une campagne américaine reculée, près d’une grande forêt, Grace, jeune écrivaine arrivant de New York, se retrouve mère au foyer attendant son mari, qui ne la désire plus et ne sait comment l’aider. L’arrivée d’un chiot qui aboie sans discontinuer ne fait qu’accentuer la dépression de Grace, qu’elle est la seule à nier. Seule face à son bébé, elle plonge dans des accès de violence contre elle-même ou contre Robert Pattinson pourtant patient, compréhensif et… canon. Selon Lynne Ramsay dans la revue The Film Stage, même si « Die my love » raconte « la santé mentale et la rupture d’un mariage, c’est vraiment très drôle. Du moins, je trouve ça drôle… Mais je suis de Glasgow, donc j’ai un sens de l’humour très noir. » Pourtant les scènes drôles sont rares, même au second degré, la cinéaste préférant la grandiloquence : longs plans de Jennyfer Lawrence marchant à quatre pattes ou cassant tout, forêt en feu, cheval noir fantôme tournant autour de la ferme, vieille belle-mère arpentant les champs la nuit un fusil à l’épaule et riant comme une démente… Un tel sujet, un tel duo de comédiens, méritaient mieux.
« Die my love » de Lynne Ramsay (fiction, Etats-Unis, 2 h) scénario Lynne Ramsay, Enda Walsh et Alice Birch, avec Jennyfer Lawrence, Robert Patisson, Sissy Spacek et Nick Nolte. Compétition officielle Cannes 2025.
Une écossaise internationale
Lynne Ramsay, née à Glasgow, est en quelque sorte une « baby-Cannes ». Jugez-en plutôt : son court métrage de fin d’études à la National Film and Television School, « Small Deaths », y a reçu le Prix du Jury en 1996. Puis son troisième court métrage, « Gasman », a reçu de nouveau le Prix du Jury en 1998. Elle revient sur la Croisette avec son premier long « Ratcatcher » à Un Certain Regard en 1999, avec « Le Voyage de Morvern Callar » à la Quinzaine des cinéastes en 2002 : des histoires de gens paumés, de la classe ouvrière, en Ecosse. Des personnages confrontés à la violence et à la mort, une mère qui n’aime peut-être pas son enfant dans « We Need to Talk about Kevin » (2011), un vétéran de guerre façon Taxi Driver du 21ème siècle dans « A Beautiful Day » (2021). Ces deux films étaient sélectionnés en compétition officielle à Cannes et « A beautiful day » y a été deux fois récompensé (interprétation masculine pour Joaquin Phoenix et prix du scénario). Lynne Ramsay a même été membre du jury du Festival de Cannes en 2013, l’année de la présidence de Steven Spielberg, himself.