L’Institut Européen pour l’Égalité entre les hommes et les femmes a publié son « indice d’égalité des sexes 2025 ». La France est classée deuxième… mais malgré des progrès, les inégalités persistent dans l’Hexagone.

La France est sur le podium. Pour quelle compétition ? La course à l’égalité. Selon l’Indice d’égalité des sexes 2025, publié ce 2 décembre par l’Institut Européen pour l’Égalité entre les hommes et les femmes (EIGE), la France est classée deuxième sur les 27 États membres. Ce classement, établi selon six catégories (travail, argent, pouvoir, connaissance, temps et santé), attribue ainsi une note à tous les États membres. L’idée étant de mesurer les progrès en matière d’égalité entre les femmes et les hommes mais également d’exposer les inégalités persistantes dans l’UE.
Un bon score…
Résultat : La France s’en tire avec un score global de 73,4/100. L’indice du EIGE allant de 0, pour indiquer une situation d’inégalité totale entre les genres, jusqu’à 100, lorsqu’une égalité réelle et totale est atteinte. À la tête de ce classement, la Suède domine avec un score de 73,7/100. Après la France, vient l’Allemagne avec une note de 63,2, puis l’Italie avec 61,9. La moyenne de l’UE étant de 63,4.
Mieux encore : la France progresse. Depuis 2015, sa note a augmenté de 9,3 points, soit un rythme un peu plus rapide que la plupart de ses voisins. Comme les années précédentes, la France doit essentiellement cette belle performance à des lois ayant imposé des femmes dans les sphères du pouvoir.
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L’indice du EIGE indique que la France obtient, dans la catégorie « pouvoir », un score de 72,5/100. Ce qui est évalué ici c’est la proportion de femmes nommées à des postes de haute responsabilité, tous domaines confondus (politique, économie, sport, …). La France a progressé de 29,7 points depuis 2015. À titre de comparaison, la moyenne de l’UE pour cette catégorie est de 40,5. Autre catégorie où la France se démarque : la rubrique « savoir ». L’Hexagone décroche la 3e place avec une note de 62,6/100. Soit une amélioration de 4 points en dix ans.
Dans la catégorie « santé », la France obtient également une note élevée : 86,2. Mais l’indice alerte : « les inégalités persistent en matière de comportements de santé et d’espérance de vie en bonne santé, notamment pour les femmes peu scolarisées ».
Mais ce bilan positif doit être nuancé. L’EIGE le précise dans son indice : malgré un bon classement, la France doit encore progresser et prendre des mesures pour en finir avec des inégalités profondément ancrées dans le système français.
…à nuancer
Si les plafonds de verre professionnels se fissurent de plus en plus, la France échoue à faire progresser l’égalité dans d’autres domaines. Toujours dans la catégorie « savoir », «au sein des filières scientifiques et technologiques françaises, les femmes représentent 34 % des diplômés ». L’EIGE indique même, qu’à l’échelle européenne, « il faudra à ce rythme au moins 200 ans pour atteindre une égalité (…) dans les choix de filières, sans préjugés ni stéréotypes ». L’indice dénonce une « ségrégation de genre entre les filières d’enseignement ».
Ensuite, le bulletin de la France se dégrade. Dans la catégorie « travail » : 11e place, avec une note de 72,8/100. Ce qui fait chuter le pays dans ce classement c’est la piètre proportion de femmes spécialistes des « technologies de l’information et de la communication (TIC) », seulement 19,3 %. Pour les « managers », les femmes représentent 40 % des effectifs. Les femmes occupent majoritairement les emplois les plus précaires, à 28,7 % contre 18,2 % pour les hommes.
En outre, les femmes gagnent en moyenne 77 % du salaire des hommes en un an et pour gagner la même chose que ces derniers en douze mois, elles doivent travailler quinze mois et dix-huit jours, calcule le rapport. Seul point positif : la France progresse dans ce score, avec une amélioration de 6,9 points depuis 2015.
Argent, volence : la dégringolade
Pire : la France dégringole à la 15ᵉ place dans la catégorie « argent », qui mesure les inégalités de revenus, avec une note de 78,1/100. Le rapport pointe du doigt des « croyances patriarcales enracinées », avec 31 % des femmes et 37 % des hommes qui estiment « que le rôle le plus important pour un homme est de gagner de l’argent », note l’EIGE. Ça va de pair : dans la catégorie « temps », soit la répartition des tâches domestiques ou des heures investies dans le « care » à la famille ou à des proches en situation de handicap ou malade, la France est 9ᵉ, avec 67,6/100. L’EIGE n’observe aucun progrès en dix ans. À l’échelle européenne, l’indice précise que près de la moitié des Européens considèrent que les hommes sont « naturellement moins compétents que les femmes » pour prendre en charge les tâches domestiques.
Enfin, la France ne figure pas dans la catégorie violences. La raison ? Un manque de données suffisantes. Toutefois, le rapport précise qu’en France « 35 % des femmes ont subi des violences physiques et/ou sexuelles depuis l’âge de 15 ans », soit une proportion quatre points supérieure à la moyenne des 27 pays de l’UE située à 31 %.
Bilan : la France progresse en matière d’égalité. Mais pour atteindre une égalité réelle, l’investissement doit être total. Être classé deuxième sur les 27 États membres ne doit pas occulter les inégalités persistantes et le chemin qui reste à parcourir.
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