
Par Steve Bissonnette steveyb sur Flickr (CC BY-NC-SA 2.0)
Sur le papier, l’éducation à l’égalité entre filles et garçons est renforcée. Mais dans les faits, la mise en œuvre du nouveau « plan d’action » dépendra surtout des bonnes volontés. Le verre est-il à moitié vide ou à moitié plein ?
Les ABCD de l’égalité sont morts, vive le « plan d’action pour l’égalité entre les filles et les garçons à l’école ». Les ministres de l’Éducation nationale et des Droits des femmes ont confirmé, lundi 30 juin, la mise en place d’un nouveau dispositif pour « amplifier l’action pour l’égalité entre les filles et les garçons à l’école, parce que l’égalité est une valeur essentielle de la République. »
Les modules « ABCD de l’égalité », qui étaient expérimentés depuis janvier dans 10 académies ne seront donc pas généralisés en tant que tels , comme c’était attendu (Voir : ABCD de l’égalité : sacrifiés pour « des contenus plus ambitieux » ?). Mais le gouvernement réfute tout renoncement. Sur le papier, le nouveau « plan d’action » apparaît effectivement ambitieux (Voir l’infographie avant/après du ministère). Dans les faits, son impact dépendra des applications concrètes, et donc de l’implication des personnels concernés.
« L’égalité des droits entre les filles et les garçons doit relever d’une vigilance et d’une bienveillance permanentes, et non d’un « dispositif » que les professeur(e)s auraient la faculté de choisir ou de rejeter », souligne le rapport d’évaluation des ABCD de l’égalité, également dévoilé ce 30 juin.
Séquences enrichies, mais facultatives
Pour autant, dans le « plan d’action » annoncé par les ministres, les outils remplaçant les ABCD apparaissent facultatifs. Les établissements scolaires seront « invités » à inscrire l’égalité entre les filles et les garçons à l’école dans leurs projets d’établissements. « Ce sera l’occasion d’impliquer les parents et de leur faire partager ce projet éducatif », assure le ministère
En théorie, aussi, les ABCD seront simplement recyclés pour être améliorés. Ainsi, dès la rentrée prochaine, « la transmission aux élèves de la valeur d’égalité filles-garçons se fera dans la classe à partir de séquences pédagogiques enrichies », annonce le ministère de l’Education nationale. Les enseignants pourront s’appuyer sur un nouveau site internet qui remplacera celui des ABCD. Et une « mallette pédagogique », regroupant des ressources et de nouveaux outils, sera mise à disposition des enseignants.
Déjà des dents grincent. « On en revient à ce qui existait avant : seules les personnes très motivées feront des actions en faveur de l’égalité », déplore le Collectif Droits des Femmes, qui poursuit : « Dans l’éducation nationale, quand on veut enterrer un sujet, on crée une mallette ».
Formation : remonter la pente après la « dégringolade »
Le deuxième volet, indispensable en amont, concerne la formation des enseignants. L’égalité entre les filles et les garçons « sera une priorité du plan national de formation 2015 et des plans académiques et départementaux de formation ». Reste, là aussi, à voir ce que donnera concrètement cet engagement. Car « Inscrire l’égalité dans la formation des enseignants », cela figurait déjà dans la feuille de route attribuée fin 2012 au ministère de l’Education nationale.
La loi du 8 juillet 2013 prévoit que les ESPE, Écoles supérieures du professorat et de l’éducation, « organisent des formations de sensibilisation à l’égalité entre les femmes et les hommes ». Et c’est déjà ce que devaient faire leurs prédécesseurs, les IUFM. Mais le tout sans obligation. Et ces dernières années la place attribuée aux formations a l’égalité a connu une « dégringolade », ainsi que le relevait récemment Fanny Lignon, formatrice à l’ESPE de Lyon, devant la commission des Droits des femmes du Sénat.
Dans le plan dévoilé ce lundi, le ministère promet de remonter la pente et de généraliser ces formations pour les 25 000 étudiants passant chaque année par les ESPE. Mais une question demeure encore sans réponse : un temps spécifique leur sera-t-il attribué ? Le 19 juin, la commission aux Droits des femmes du Sénat proposait de rendre obligatoires au moins trois heures de formation à l’égalité dans les ESPE.
Les chefs d’établissements et inspecteurs seront eux aussi formés, pour être ensuite mis à contribution : ils « développeront la problématique de l’égalité entre les filles et les garçons » auprès des 320 000 enseignants déjà en poste.
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