A quinze jours du dépôt des candidatures pour les élections municipales, le HCE appelle les candidat.e.s à passer d’une parité quantitative à un partage effectif du pouvoir entre hommes et femmes.
Aujourd’hui, 47,5% des adjoint.e.s dans les communes en France sont des femmes. Mais elles ne représentent que 16 % des maires selon les chiffres communiqués par le Haut Conseil à l’égalité (HCE). Le premier chiffre s’explique par les lois sur la parité qui imposent l’alternance obligatoire d’un homme et d’une femme dans la présentation des listes depuis 2008 aux communes de plus de 3 500 habitants, et depuis 2014 à celles de plus de 1 000 habitants. Efficace ! Néanmoins l’obligation légale est sans effet sur le haut de la liste. Les places de maire et maire adjoint.e ne sont pas concernées par la loi. Résultat : les hommes représentent 84% des maires et cette proportion est plus élevée dans les grandes communes que dans les petites (87,1% dans les villes de plus de 1000 habitants contre 82,3% dans les plus petites). Premier.e.s adjoint.e.s ? 71,5% d’hommes. Dans les intercommunalités, pas d’exigence légale de parité. Résultat : les femmes ne représentent que 35% des conseiller.e.s communautaires et 20% des vice-président.e.s. indique le HCE.
Le faible pouvoir laissé aux femmes malgré les lois sur la parité se voit aussi dans la répartition genrée des responsabilités. Aux hommes les délégations bénéficiant des budgets les plus importants comme les finances, le développement économique ou l’aménagement du territoire. Aux femmes « le care » et le social avec des délégations jeunesse ou famille.
Le HCE propose aux candidats de suivre trois objectifs pour une gouvernance paritaire. D’abord placer des femmes en tête même dans les communes de moins de 1000 habitant.e.s afin qu’elles siègent dans les intercommunalités. Ensuite, dans les communes de plus de 1000 habitants, créer des sortes de tickets paritaires entre le candidat à la mairie et le numéro 2 qui ne seraient pas de même sexe. « Si cette autorégulation n’advenait pas lors des prochaines élections, le HCE recommande d’adopter par la loi des modalités paritaires d’élection à la tête de l’exécutif sous forme d’un tandem paritaire à la tête de toutes les collectivités ». Enfin éviter les stéréotypes dans les attribution de délégations.
Prévoir les conditions d’une politique d’égalité
Et ce n’est pas tout : le HCE demande aux futur.e.s élu.e.s de « Prévoir les conditions d’une politique d’égalité ». Les communes devraient adopter une politique d’égalité portée au plus haut niveau, un service dédié, des moyens budgétaires spécifiques et une préoccupation permanente d’égalité des sexes dans les choix de dépense publique. Mener des actions pour l’égalité dans les crèches, les écoles, les activités sportives, l’accès à la santé… Et bien sûr respecter l’égalité professionnelle dans la gestion du personnel.
Quelles chances pour que cet ambitieux programme avance ? Difficile à dire. Parce que la fonction de maire est de moins en moins attractive pour les hommes comme pour les femmes
Voir : ESPOIR DE PARITÉ AU GOÛT AMER CHEZ LES MAIRES
Mais, à l’inverse, les élections de 2020 affichent beaucoup de candidates dans des villes importantes. A Paris, deux femmes, Anne Hidalgo et Rachida Dati, font, pour l’instant, la course en tête dans les sondages…. Même si les listes d’arrondissements présentent des têtes plutôt masculines dans les zones dans lesquelles ces candidat.e.s sont en position éligible. A Nantes, toutes les têtes de liste des principaux partis sont des femmes : PS, EELV, LREM, LR et RN présentent des candidates jeunes, elles sont âgées de 37 à 45 ans. On avance donc. Mais ces figures emblématiques restent des exceptions. Et la presse régionale regorge de lamentations de candidats hommes qui se désolent de devoir placer des femmes sur leur liste.