
Esther Duflo au Center for Global Development sur Flickr
« Nous allons nous demander ce qu’est notre gramme de radium », Esther Duflo veut marcher dans les pas de la première femme Prix Nobel, Marie Curie.
La saison des prix Nobel a bien failli se clore, une nouvelle fois sur un ensemble de lauréats 100 % masculins. Et finalement, le dernier prix, celui des Sciences économiques remis par la Banque de Suède lundi 14 octobre a été décerné à la Franco-Américaine Esther Duflo et à deux hommes Abhijit Banerjee, Michael Kremer « pour leur approche expérimentale visant à réduire la pauvreté mondiale ».
Elle est la deuxième femme, 10 ans après Elinor Ostrom à obtenir ce Nobel de sciences économiques. Elle est la seule femme parmi les 14 lauréats de cette année. Globalement, sur l’ensemble des Prix Nobel attribués depuis 1901, date de la première édition en mémoire d’Alfred Nobel, moins de 6 % des prix ont été attribués à des femmes.
A 46 ans, Esther Duflo est la plus jeune des lauréat.e.s (le plus jeune avant elle était Kenneth Arrow, nobélisé en 1971 à 51 ans). Première titulaire de la chaire « savoir contre pauvreté » en 2010 au Collège de France, elle avait cofondé le J-PAL en 2003, au Massachusetts Institute of Technology (MIT) et revendique l’expérimentation in vivo pour lutter contre la pauvreté. La macro-économie ou les bons sentiments n’étant pas efficaces pour lutter contre ce fléau.
Voir La connaissance contre la pauvreté
Quelques mois plus tard, elle reçoit la médaille John Bates Clark de l’American Economic Association (AEA), qui distingue les économistes de moins de 40 ans.
En 2013, direction la Maison Blanche. Elle intègre, à l’initiative de Barack Obama, le President’s Global Development Council. Un organisme chargé de conseiller le gouvernement des États-Unis sur les politiques de développement.
Voir : Esther Duflo à la Maison Blanche
Très émue par ce prix, Esther Duflo n’élude pas la question du faible nombre de femmes dans les sciences. Elle se réjouit de pouvoir être un « modèle » pour les autres femmes. La science n’en sera qu’enrichie.
Etre un modèle pour les femmes, c’est une première similitude avec Marie Curie. Autre similitude : ce prix Nobel est aussi attribué à son mari Abhijit Banerjee qui est aussi son collègue de travail depuis le MIT. La première scientifique nobelisée avait aussi reçu le prix avec son mari.
Et quand on demande à Esther Duflo ce qu’elle compte faire des 300.000 euros qu’elle va recevoir, elle évoque Marie Curie, qui, avec sa dotation, aurait acheté un gramme de radium : « Nous allons nous demander ce qu’est notre gramme de radium ».
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