Nouveau palier dans l’art de façonner les femmes selon les désirs des hommes. Un concours de Miss IA glorifie la femme artificielle et le business de l’hypersexualisation des femmes.
Ça devait arriver ! Les mannequins, présentatrices télé ou influenceuses, entièrement virtuelles et créées à partir d’intelligence artificielle, qui déferlent sur les réseaux sociaux vont pouvoir permettre à leurs créateurs de gagner un nouveau concours et encore plus d’argent. Le concours de Miss Intelligence Artificielle (Miss IA) vient d’être lancé par la plateforme Fanvue en partenariat avec les World AI Creator Awards, qui se tiendront le 10 mai prochain. Avec à la clé des milliers de dollars offerts aux gagnants.
Le jury devra se prononcer sur trois critères : l’apparence physique de la « miss » présentée, les compétences techniques de leur créateur et la taille de l’audience. Avec l’apparence, s’ajoute un critère hypocrite de chaque concours concernant la « personnalité » de la miss. Le dossier de candidature comprend des questions telles que : « Si votre modèle d’IA pouvait parler, quel serait son seul rêve pour rendre le monde meilleur ? », une façon de les faire paraître nunuches.
Selon les désirs des hommes
Le jury de Miss IA, est composé de deux humains et de deux modèles virtuels. Et ces deux créatures ont été hypersexualisées par leurs inventeurs, lesquels assurent qu’ils ont fait ça pour que les marques financent les conseils beauté qu’elles distillent.
Les deux modèles d’IA du jury, Aitana Lopez et Emily Pellegrini sont conçues selon les désirs des hommes. Le créateur, anonyme, d’Emily Pellegrini a fait savoir qu’il avait demandé à Chat GPT quelle était la fille de rêve de l’homme moyen, avant de créer son modèle selon les critères indiqués par ces hommes : gros seins, cheveux longs, épilation impeccable, jolie peau, corps sculpté… Et cette création numérique aurait gagné des milliers de dollars sur Fanvue. La puissance de ces modèles artificiels pour envoyer des femmes et de très jeunes filles se faire faire une injonction de botox ou acheter des produits de beauté est colossale.
Amplification du sexisme réel en virtuel
Le monde virtuel, reproduit ce qu’il se passe dans le monde réel : des marques financent, par la publicité, des journaux féminins imposant des normes de beauté aux femmes pour leur faire acheter leurs produits… Ces journaux, ces marques étant possédés et dirigés par des hommes, tout comme la plupart des concurrentes à Miss IA…
Rien de nouveau, juste une étape de plus dans l’industrialisation du process via l’intelligence artificielle. Les créateurs des modèles féminins vers lesquels doivent tendre les candidates aux concours de miss sont des hommes. Dans la vie réelle comme dans le monde virtuel, l’homme est créateur, la femme est sa créature.
Quand l’intelligence artificielle sert à démultiplier le sexisme, le backlash…
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