Emmanuel Macron réélu a promis du changement. Un.e Premièr.e ministre en charge de la planification écologique… éventuellement une femme à Matignon.
L’extrême droite a été évitée. Soulagement. Emmanuel Macron, a été réélu avec 58,54% des voix face à Marine Le Pen. Et il a promis du changement. Le président de la République a immédiatement et clairement reconnu le « front républicain » dans son court discours de victoire : « À celles et ceux qui ont voté pour moi, non pour soutenir mes idées mais pour faire barrage à celles de l’extrême droite, votre vote m’oblige. Ce soir, je ne suis plus le candidat d’un camp, mais le Président de toutes et tous. » Un discours humble qui tranche avec les propos tenus quelques jours auparavant (lire : PRÉSIDENTIELLE : FISSURES DANS LE FRONT RÉPUBLICAIN)
Avant sa réélection, lors d’un meeting, Emmanuel Macron affirmait aussi « Je n’ai aucune envie de faire cinq ans de plus. Je veux un renouvellement complet […] ça ne doit pas être une continuation mais une réinvention, une nouvelle ambition ».
Sa nouvelle ambition est de nommer un.e Premier.e ministre directement chargé de la planification écologique. Il a aussi indiqué qu’il ferait à nouveau de l’égalité femmes-hommes, la grande cause du quinquennat. S’il a dit du bout des lèvres, et au conditionnel, qu’il pourrait nommer une femme à Matignon, un de ses proches, le secrétaire d’État chargé des Affaires européennes Clément Beaune a affirmé notamment sur BFMTV : qu’« Emmanuel Macron a le souhait bien sûr d’une nomination féminine à Matignon ». C’était aussi un souhait exprimé il y a cinq ans…
L’appel de 2GAP
Dans une tribune publiée dans le magazine Challenges, le Collectif 2GAP (Gender & Governance Action Platform) qui regroupe 61 réseaux de femmes et mixtes, lance un appel à la parité : pour ces réseaux, la première mesure à prendre dans le cadre de la « Grande cause » du nouveau quinquennat serait de nommer une femme Première Ministre.
Mais il n’est pas du tout évident que le Président de la République accèdera à cette demande. Dans le concours de supputations sur le nom du ou de la Premier.e Ministre, beaucoup de noms d’hommes circulent, quelques noms de femmes…. Et pas forcément des personnalités engagées de longue date dans la défense du climat.
Entre ceux qui pensent que le Président de la République va chercher une personnalité de droite pour conforter une base électorale et ceux qui misent sur une personnalité de gauche pour couper l’herbe sous le pied de la constitution d’un bloc de gauche qui pourrait imposer une cohabitation après les élections législatives, le casse-tête est à son comble.
Supputations
Dans Le Monde, un proche d’Emmanuel Macron dit qu’il ne sera « Pas simple de trouver le mouton à quatorze pattes ! » Le nom de femme le plus crédible qui circule est celui d’Elisabeth Borne. Actuelle ministre du Travail, elle a été ministre de la Transition écologique et solidaire après avoir été ministre en charge des Transports en 2017. Elle avait alors conduit une réforme de la SNCF qui avait valu une très longue grève et beaucoup de rancœur de la part de certains syndicats de cheminots qui la tiennent pour responsable de la fin du train de fruits et légumes Perpignan-Rungis, une mesure anti-écologique. Les écologistes lui reprochaient aussi une écotaxe sur les billets d’avion trop faible pour être dissuasive. Puis, Ministre de la Transition écologique, elle a défendu le projet de loi énergie-climat qui décrète « l’urgence écologique et climatique ». Objectif : neutralité carbone à l’horizon 2050, baisse de 40 % de la consommation d’énergies fossiles d’ici à 2030 (contre 30 % précédemment), fermeture des dernières centrales à charbon en 2022, décalage de 2025 à 2035 de la réduction à 50 % de la part du nucléaire dans la production électrique.
En tête des supputations revient aussi le nom de Julien Denormandie. L’actuel ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation a aussi un profil « vert » selon LREM. Ingénieur des ponts, des eaux et des forêts, ancien directeur de cabinet adjoint du d’Emmanuel Macron lorsqu’il était le ministre de l’Economie du gouvernement Valls, il a activement participé à la création du mouvement La République en Marche. Cependant, une polémique l’a opposé au maire vert de Lyon, Grégory Doucet, qui avait instauré temporairement un menu unique sans viande dans les cantines des écoles pour servir plus rapidement les enfants dans le cadre du protocole Covid. Le principe du menu sans viande avait pourtant été adopté par l’ex-maire, de Lyon Gérard Colomb (ex-LREM) Mais Julien Denormandie a dénoncé cette initiative pourtant bonne pour le climat et pour la santé.
Autres noms qui circulent avec insistance : Richard Ferrand, président de l’Assemblée nationale, très proche d’Emmanuel Macron ou Olivier Dussopt, Ministre délégué auprès du ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, chargé des Comptes publics qui représente l’aile gauche de LREM. Catherine Vautrin a été plusieurs fois secrétaire d’Etat lorsque Nicolas Sarkozy était président. Elle dirige l’agglomération du Grand Reims et soutient Emmanuel Macron depuis février 2022. Christine Lagarde, actuellement à la tête de la Banque centrale européenne est aussi très souvent citée. Tout comme Nicole Notat, ancienne numéro un de la CFDT.
Certains noms circulent aussi sans être étayés par des arguments crédibles. Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Écologie sous Nicolas Sarkozy avait annoncé son retrait de la vie politique en 2018. Arnaud Montebourg a aussi été cité par le magazine Entreprendre…
En 2017, aucun pronostiqueur n’avait cité le nom d’Edouard Philippe pour devenir Premier ministre. Et il était aussi déjà question de grande cause nationale égalité femmes hommes et de nomination d’une femme…