Pendant que la n°2 de Facebook, Sheryl Sandberg, dit aux femmes d’aller de l’avant, une campagne exhorte le réseau social à agir contre les groupes, pages et images qui encouragent le viol ou la violence conjugale. Facebook fait le dos rond.
La numéro 2 de Facebook, Sheryl Sandberg, appelle les femmes à « aller de l’avant ». C’est le titre de son livre paru au mois de mars, et d’un site internet qu’elle a lancé pour inciter les femmes à s’imposer dans la vie professionnelle.
Mais l’entreprise qu’elle co-dirige ne semble pas prête, elle, à aller de l’avant contre la violence sexiste. Une semaine après le lancement d’une campagne de grande ampleur, qui lui demande d’agir contre « la représentation actuelle du viol et de la violence anti-femmes » sur ses pages, Facebook s’est contenté d’une brève réponse négative.
Deux poids, deux mesures
Le 21 mai, la directrice du groupe féministe Women, Action & the Media (WAM), Jaclyn Friedman, la fondatrice du projet ‘Everyday Sexism’ Laura Bates et l’écrivaine Soraya Chemaly interpellaient la direction du réseau social.
Dans une lettre ouverte (ici en français), elles demandent à Facebook de prendre « trois mesures spécifiques » contre la présence sur le réseau social « des groupes, des pages et des images qui encouragent le viol ou la violence conjugale, ou suggèrent qu’il s’agit de sujets dont on peut rire ». Sur son site, WAM met en ligne plusieurs exemples de ces contenus, souvent extrêmes.
Ce que ces trois femmes – et plusieurs dizaines d’organisations signataires de leur lettre – dénoncent, c’est aussi l’hypocrisie de Facebook. Alors que ces pages et images violentes sont approuvées par des modérateurs (avec parfois l’avertissement qu’il s’agit d’« humour »), des photos d’allaitement, des images artistiques de corps nus ou « des propos politiques de femmes, impliquant l’utilisation de leur corps de façons non sexualisées dans des démarches de protestation, sont régulièrement interdits par Facebook » car jugées pornographiques.
Et d’asséner : « Il semble que Facebook considère que la violence infligée aux femmes est moins offensante que des images non violentes du corps des femmes, et que les seules représentations acceptables de la nudité féminine soient celles dans lesquelles les femmes apparaissent comme des objets sexuels ou les victimes de mauvais traitements. »
Annonceurs à contribution
Au-delà de cette lettre ouverte, Women, Action & the Media a lancé une campagne d’envoi de mails et courriers à la direction de Facebook, mais aussi à des marques dont les publicités apparaissent sur le réseau social à côté des images de violence sexiste. Cette campagne se décline sur Twitter avec le mot-dièse #FBrape.
A cette interpellation, Facebook s’est jusque là contenté d’une réponse évasive : « Comme on peut s’y attendre dans une communauté de plus d’un milliard de membres de tous horizons, il arrive que des gens publient des contenus déplaisants ou dérangeants, ou fassent des tentatives d’humour vulgaires. Mais bien qu’il puisse s’avérer vulgaire et offensant, un contenu déplaisant, en soi, ne viole pas nos règles ».
Mais si Facebook fait le dos rond, plusieurs des marques mises en cause ont déjà mis un terme à leur campagne de publicité sur le réseau social, et d’autres s’interrogent. Cette pression publicitaire pourrait s’avérer le moyen le plus efficace de pousser le réseau social à revoir ses règles…