En 20 ans, la part des femmes au foyer en France a nettement diminué, observe l’INSEE. Mais les raisons de cette situation ont changé : personnelles autrefois, elles tiennent aujourd’hui aux contraintes économiques.
De 3,5 à 2,1 millions, soit de 24 à 14% : le nombre de femmes au foyer a fortement diminué en France en 20 ans. C’est ce que montre la dernière analyse de l’INSEE publiée vendredi 30 août.
Mais les raisons de cette situation ont changé : personnelles autrefois, elles tiennent aujourd’hui aux contraintes économiques. Tandis que le temps partiel reste fort chez les femmes actives. Il a même augmenté ces dernières années chez les plus jeunes.
Selon l’institut statistique, « en France, en 2011, 15 millions de femmes sont âgées de 20 à 59 ans et ne sont plus étudiantes. Parmi elles, 2,1 millions, soit 14%, sont des ‘femmes au foyer’ : elles vivent en couple et sont inactives (au sens du Bureau international du travail), c’est-à-dire qu’elles ne travaillent pas et ne sont pas au chômage. Vingt ans plus tôt, elles étaient 3,5 millions, soit 24% des femmes âgées de 20 à 59 ans non étudiantes. »
Deux raisons à cette profonde évolution :
-
D’une part, la progression de l’activité féminine. 82% des femmes concernées étaient actives en 2011, contre 73% vingt ans plus tôt.
-
D’autre part, il y a davantage de célibataires : elles étaient 70% à vivre en couple en 2011, soit 7 points de moins qu’en 1991.
Contraintes économiques
La présence d’un enfant apparaît avoir de moins en moins d’influence. 43% des femmes au foyer n’ont pas d’enfant, contre 45% des actives. « Les femmes au foyer n’en sont pas moins beaucoup plus souvent mères de famille nombreuse » : 18% d’entre elles ont au moins trois enfants, contre 8% des femmes en couple actives. Mais globalement, les interruptions d’activité dues à une naissance sont aujourd’hui plus temporaires.
C’est la situation économique qui influe désormais prioritairement. En 1991, trois femmes au foyer sur cinq (59%) déclaraient avoir cessé leur activité pour des raisons personnelles. En 2011, ce n’est plus le cas que d’une femme sur cinq (21%). C’est la rupture d’un CDD (dans 35% des cas contre 10% en 1991). ou un licenciement (de 4% en 1991 à 11% en 2011) qui conduit surtout à l’inactivité.
Et qu’en est-il des conditions d’activité ? Une autre étude de l’INSEE, publiée ce même 30 août, vient y répondre.
Mauvais signaux pour les jeunes
Les taux d’emploi entre hommes et femmes se réduisent. Parmi les femmes âgées de 20 à 64 ans ayant achevé leur formation initiale, 67% ont un emploi : c’est 9 points de moins que les hommes. Encore faut-il prendre en compte le temps partiel.
Car en équivalent temps plein (ETP), le taux d’emploi des femmes n’est plus que de 59% : l’écart atteint alors 15 points par rapport aux hommes. Cet écart s’est légèrement resserré entre 2003 et 2011, mais surtout à cause d’une dégradation de la situation pour les hommes : le taux d’emploi des femmes en ETP a augmenté d’un point, celui des hommes a reculé de 3 points).
Ce sont les femmes de moins de 30 ans qui subissent encore le plus les conséquences de la crise : le taux d’emploi en ETP a fortement baissé chez les jeunes hommes entre 2008 et 2009, puis le taux s’est stabilisé. Pour les jeunes femmes en revanche, « la baisse est continue depuis 2008 et aucune reprise ne s’amorce », note l’INSEE.
Temps partiel subi pour les moins diplômées et les mères
En 2011, ce sont 30% des femmes qui travaillaient à temps partiel (30% d’entre elles à temps partiel subi) contre seulement 6% des hommes (34% à temps partiel subi).
Pour les femmes, l’absence de diplôme et la présence d’enfants a une forte influence sur le temps partiel, contrairement aux hommes. Ainsi, 23% des femmes sans diplôme sont à temps partiel subi, contre seulement 9% des hommes non diplômés.
En présence d’enfant, l’écart entre les hommes et les femmes se creuse aussi fortement. En effet, lorsqu’ils ont des enfants, les hommes sont encore moins souvent à temps partiel (4% contre 7%), à l’inverse des femmes (34% contre 17%).
Lire aussi sur Les Nouvelles NEWS :
Enfant ou travail, un choix genré
« Les Françaises ne sont pas moins actives que les Allemandes, elles le sont autrement »
Sous-emploi : les femmes d’abord