Le taux de personnes jugeant « importantes » les inégalités entre les femmes et les hommes en France a augmenté de 11 points en trois ans, selon le Baromètre d’opinion de la DREES. Point positif : le « modèle de la femme au foyer » ne cesse de reculer.
Les inégalités entre les femmes et les hommes sont un sujet de préoccupation croissant en France. C’est l’un des constats du dernier Baromètre d’opinion annuel de la DREES1, le service statistique du ministre des Solidarités et de la Santé, publié mercredi 14 mars.
Si « les inégalités entre les femmes et les hommes » ne représentent que la huitième préoccupation des personnes interrogées pour ce baromètre, c’est celle « qui a connu la plus grande augmentation depuis 2014 », relève la DREES. C’est sans doute une conséquence directe de la plus forte médiatisation de ces inégalités, d’autant que l’enquête a été effectuée en octobre et novembre 2017, au plus fort de l’affaire Weinstein. Sur un an, le taux de personnes qu’elles préoccupent est passé de 62% à 67%.
De la même façon, près de sept personnes interrogées sur dix estiment que « les inégalités entre les hommes et les femmes sont importantes » : elles sont 69% de cet avis, quand elles n’étaient que 58% en 2014. Sans grande surprise, les femmes se sentent plus concernées : elles sont 74% à juger ces inégalités importantes, c’est 10 points de plus que les hommes. Cet écart n’a pas évolué en quatre ans.
Une analyse plus fine observe que l’écart de perception entre hommes et femmes varie fortement selon les catégories socioprofessionnelles : il se situe autour de 15 points parmi les agriculteurs, artisans et commerçants, ouvriers, ou encore au sein des cadres supérieurs et professions libérales. En revanche, peu de différence d’appréciation en fonction du sexe chez les employés ou les professions intermédiaires. « Les expériences vécues dans le cadre de professions où les hommes sont surreprésentés semblent donc conduire les femmes à une vision de la société plus inégalitaire du point de vue du genre », analyse dès lors la DREES.
Autre chiffre : 22 % des personnes interrogées disent avoir été témoins de discriminations contre les femmes, que ce soit « au travail », « dans l’espace public » ou « dans la vie privée ». Là encore, les femmes déclarent plus souvent que les hommes en avoir été témoin (27 % contre 17 %).
Femme au foyer et « care » : un stéréotype en recul, un autre tient bon
Un constat très positif : « l’adhésion au modèle de la femme au foyer » a quasiment baissé de moitié en quinze ans. Le taux de personnes en accord avec avec l’idée que « dans l’idéal, les femmes devraient rester à la maison pour élever les enfants » s’établissait à 33% en 2004, à 21% en 2014, il est désormais tombé à 18%.
En miroir, le niveau des personnes en désaccord avec ce modèle de femme au foyer (à 82%, dont 64% « pas du tout d’accord ») a progressé de 16 points par rapport à 2004. « Il s’agit du niveau de désaccord le plus élevé mesuré sur cet indicateur depuis 2004 », note la DREES
Pour autant, des visions stéréotypées restent bien ancrées. Pour une personne sur deux (53%), les mères savent mieux répondre aux besoins et attentes des enfants que les pères ; et une personne sur trois (36%) considère que les femmes font de meilleures infirmières que les hommes. Ces résultats sont « plutôt stables » depuis 2014.
Et cette vision des femmes comme meilleures fournisseuses de « care » est bien davantage présente chez les hommes que chez les femmes (58 % contre 48% dans le premier cas, 46% contre 27% dans le second).
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1/ Enquête réalisée à la demande de la DREES par l’Institut BVA. Un échantillon constitué de 3009 personnes, représentatif de la population française âgée de 18 ans ou plus habitant en France métropolitaine, a été interrogé en face-à-face, du 16 octobre au 2 décembre 2017.