En ajoutant aux critères marqueurs de dépression traditionnels des critères alternatifs, des chercheurs constatent la même prévalence chez les hommes et chez les femmes.
Partout dans le monde, les femmes sont globalement deux fois plus susceptibles que les hommes de souffrir de dépression : cette idée est communément établie et s’appuie sur toute une cohorte d’études. Mais elle est aujourd’hui battue en brèche.
Depuis une dizaine d’années déjà, cette observation a été remise en cause par certains scientifiques. Ils soulignent que les manifestations de la dépression ne sont pas nécessairement les mêmes chez les hommes et chez les femmes.
Les critères actuels qui définissent un état dépressif « pourraient être biaisés, en ne détectant que les symptômes les plus fréquents chez les femmes » : en l’occurrence, la perte de sommeil ou la perte d’intérêt, relèvent ainsi des chercheurs de l’université du Michigan.
Pas de différence hommes/femmes
Pour leurs travaux, publiés le 28 août dans le Journal of American Medical Association, ils ont donc ajouté aux critères traditionnels des critères « alternatifs », comme la prise de drogue/alcool, des comportements agressifs ou l’hyperactivité. L’étude a porté sur un panel de 3 310 femmes et 2 382 hommes aux Etats-Unis.
Et les résultats sont frappants : en combinant 15 critères, classiques et alternatifs, il n’apparaît plus de différence significative entre les tendances dépressives chez les hommes et chez les femmes. Ce sont 30,6% des hommes et 33,3% des femmes qui sont concernés.
Outre qu’elle vient casser des idées reçues sur le caractère féminin de la dépression, cette étude doit aussi permettre de mieux prendre en considération, et donc en charge, les comportements dépressifs chez les hommes, soulignent les chercheurs. Qui indiquent aussi qu’il ne s’agit là que de la première étude de ce type, et qu’il faut encore « clarifier » les symptômes effectivement marqueurs de dépression chez les hommes.
Ils appellent donc à une petite révolution de la recherche sur le sujet. Le genre, concluent-ils « joue sans doute un rôle important sur la façon dont les hommes et les femmes conceptualisent et vivent la dépression ».

