Malgré une série de drames entourant la victoire d’une équipe de foot masculine, le président de la République a maintenu des célébrations aux allures de fête nationale déclarant « Vive le PSG, vive la République et vive la France. » Rien ne vient décourager la violence autour du foot masculin.

Les violences ont été d’abord minimisées dans les médias. Reuters a parlé de « Nuit festive émaillée d’incidents », d’autres journaux ont parlé de « scène de liesse et débordements »… comme Le Point qui a ensuite changé son titre pour « Lourd bilan après le sacre du PSG en Ligue des champions »…
Une série de drames qui n’a pas empêché les festivités organisées par le gouvernement pour célébrer la victoire de l’équipe masculine de football du Paris Saint Germain (PSG) en Ligue des Champions le 31 mai avec parade sur les Champs Elysées et réception ultramédiatisée à l’Elysée le 1er juin.
Lourd bilan
Le bilan dressé par le ministère de l’Intérieur est pourtant effrayant : à Dax, un mineur de 17 ans est mort après avoir reçu des coups de couteau. A Paris, un jeune homme de 23 ans, est mort après avoir été percuté par une voiture de supporters alors qu’il roulait sur un scooter. À Grenoble, quatre personnes d’une même famille ont été blessées dont deux grièvement après qu’une voiture a heurté la foule. 22 membres des forces de l’ordre, sept sapeurs-pompiers et 192 manifestants ont été blessés. 692 incendies ont été comptés selon un bilan provisoire.
Et les agressions sexuelles dénoncées par de nombreuses femmes sur les réseaux sociaux sont passées sous les radars des autorités et des médias.
Pas de renoncement à la fête
Malgré ce lourd bilan le soir du match, l’ambiance était à la fête nationale orchestrée par le président de la République dès le lendemain après nettoyage des dégâts sur la plus belle avenue du monde. Les supporters ont pu applaudir leurs idoles sur les champs Elysées avant une nouvelle consécration dans le palais présidentiel.
Un renoncement à une telle fête aurait pourtant envoyé un message fort de refus de la violence associée au foot masculin et à la virilité toxique qu’il charrie…
Au lieu de cela, les « responsables » politiques se réjouissent de la victoire du PSG et livrent des explications à côté de la plaque. A droite et à l’extrême droite ils accusent des « sauvages » des « racailles » ou des « barbares » d’être responsable de ces violences tandis que certains à gauche mettent en cause les forces de l’ordre qui malmèneraient la liesse populaire…
Supporters hystériques
Encore une fois, la variable « masculinité toxique » est oubliée. A chaque match, les médias diffusent les mêmes images de supporters complaisamment interviewés qui débitent des phrases définitives pour montrer « qui c’est les plus forts » et comment on va « écraser l’adversaire », poings levés, biceps exhibés… Chaque match de foot est un déferlement d’images de supporters hystériques, prêts à en découdre. Les violences conjugales augmentent quand l’équipe d’un supporter perd et quand l’équipe gagne, les viols et violences sexuelles font aussi partie de l’arsenal « festif ». (Voir plus bas « Lire aussi »)
Et la France ne réprime pas vraiment ces violences contrairement à certains pays voisins qui interdisent de stade et de sortie les supporters ayant des comportements violents. La spécificité genrée de la violence dans le football n’est jamais interrogée. Le « coût de la virilité » pour reprendre le titre du livre de Lucile Peytavin, n’est pas un sujet pour les responsables du maintien de l’ordre et de la paix.
Célébration aux allures de fête nationale
Certes, dans son discours, Emmanuel Macron a déclaré : « Rien ne peut justifier ce qu’il s’est passé ces dernières heures, les affrontements violents sont inacceptables (…) Nous poursuivrons, nous punirons, on sera implacables. »
Mais ces propos ont vite été ensevelis sous le triomphe. Le discours présidentiel et la réception à l’Elysée étaient plombés de messages positifs pour ce qui « rend fière la France » selon l’expression qu’il a pu utiliser à propos de l’acteur Gérard Depardieu (condamné depuis pour violences sexuelles). Et que dire de la fin de son discours : « Vive le PSG, vive la République et vive la France. »
Le président de la République est coutumier de ces démonstrations de virilité surjouée (voir plus bas). A la fin du match, il postait déjà un message disant «Champion mon frère!», une expression d’entre-soi masculin qui ne laisse rien augurer de très progressiste.
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