Greta Thunberg a été désignée personnalité de l’année par le magazine Time. Déchaînement de critiques, voire de haine.
La militante suédoise Greta Thunberg qui a lancé le mouvement mondial de grève de l’école pour le climat #FridaysForFuture, est devenue mercredi, à 16 ans, la plus jeune « personnalité de l’année » du magazine Time. Avec ce titre : «Le pouvoir de la jeunesse.» Parce qu’elle demande aux dirigeants du monde entier de prendre des mesures radicales pour limiter le réchauffement de la planète, la militante est distinguée par un magazine qui honore plutôt, depuis 1927, des hommes d’âge mûr. (Très longtemps, le titre de la distinction s’appelait « l’homme de l’année »). En 1988 Time désignait « la terre en danger » personnalité de l’année.
Si le choix de Greta Thunberg a été d’abord applaudi sur les réseaux sociaux, il a aussi déchaîné des sarcasmes, des critiques voire de la haine. Donald Trump, le président des Etats-Unis, qui voue un mépris violent à la jeune militante, a trouvé cet honneur « ridicule ». Sur Twitter il écrit : « Greta doit apprendre à gérer sa colère et puis aller voir un bon vieux film avec un.e ami.e ! Détends-toi, Greta, détends-toi ! » Illico, Greta Thunberg a ironisé en modifiant la mini-biographie de son compte Twitter ainsi : « Une adolescente apprenant à gérer sa colère. Actuellement en train de se détendre et de regarder un bon vieux film avec un.e ami.e. »
Selon une dépêche de l’AFP, l’ancien chef de la diplomatie américaine John Kerry s’est indigné en écrivant : « Greta Thunberg a plus de maturité et de caractère que le président n’en a jamais eu et n’en aura jamais. ». De son côté, le président Français Emmanuel Macron a mis le président des Etats-Unis et la jeune militante sur un pied d’égalité évoquant « le club de Donald » et « le club de Greta ». « Il y a plein de gens qui ont envie de changer, mais c’est vachement dur, car ça ne va jamais assez vite pour Greta et c’est toujours trop pour Donald », a-t-il lancé lors d’une discussion à l’Élysée avec des étudiants et chercheurs lauréats du programme « Make our planet great again », lancé il y a deux ans. Pour le dirigeant français, « les gens qui disent avec Greta : “Vous ne faites rien, vous êtes nuls” », portent un message « désespérant et culpabilisant » qui ne fait pas bouger les lignes.
Dans les talk shows des chaînes d’info de France et d’ailleurs, les commentateurs se déchaînent. Pascal Praud sur CNews, demande à ses acolytes s’ils sont de ceux qui se « prosternent » devant la jeune militante, l’un d’eux se croit drôle en disant que « la raison est morte. » Sur de nombreux plateaux, les mots qui fusent sont « ridicule », « Jeanne d’Arc » ou encore « personnalité inquiétante et perturbée ». Ses adversaires l’attaquent sur une particularité de sa personnalité. Elle a été diagnostiquée « asperger », une forme légère d’autisme. Les « aspi » ayant parfois des raisonnements distincts de ceux des non « aspi ». Greta Thunberg estime même que cette particularité lui donne des « super-pouvoirs ». Ce qui ne justifie aucune attaque et n’enlève rien à la légitimité de son combat. Comme elle l’a dit depuis le début, « la haine que nous recevons montre que notre mouvement est une menace pour eux. »
Une menace qui attise d’autant plus de haine que Greta Thunberg est soutenue, non seulement par la jeunesse, mais aussi par des personnalités de la même génération que ses détracteurs. Ce vendredi matin, c’est Michèle Obama qui est venue sur Twitter lui apporter son soutien avec ce message : « Ne laissez personne atténuer votre lumière. Comme les jeunes filles que j’ai rencontrées au Vietnam et d’autres pays, vous avez tellement à nous offrir. Ignorez ceux qui doutent et sachez que des millions de personnes vous encouragent.» Comme Barack Obama qui avait reçu la jeune militante en septembre dernier, l’épouse de l’ex-président des Etats Unis encourage la jeunesse à se rebeller.
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