Une association poursuit en justice une radio ultra-orthodoxe qui écarte les voix féminines. Les cas de discrimination de ce genre restent nombreux en Israël mais ne passent plus inaperçus.
Depuis qu’elle a commencé à émettre en 2009 à Jérusalem, la radio haredi (ultra-orthodoxe) Kol Berama écarte toute voix féminine de son antenne, ou presque. Kolech, organisation d’orthodoxes israéliennes pour l’égalité, a porté plainte le 29 août contre la radio pour discrimination envers les femmes. Elle réclame 104 millions de Shekels (20 millions d’euros), dans le cadre d’une action de groupe.
Une heure d’antenne sur 168
La direction de Kol Berama, citée par le Jerusalem Post, dénonce une atteinte portée au« droit d’un secteur entier de la société à écouter un média en accord avec ses croyances et son mode de vie ». Et souligne qu’on peut entendre des voix de femmes sur son antenne. En écoutant bien, c’est vrai. Car fin 2011, suite à un signalement de l’association israélienne progressiste IRAC, la radio a signé un accord avec l’autorité de régulation audiovisuelle israélienne : des femmes politiques peuvent être entendues en direct ; et des auditrices peuvent intervenir au cours d’une émission de libre antenne – une heure sur les 168 heures de programme hebdomadaires. Et pas question d’entendre des femmes journalistes ou animatrices.
Kolesh accompagne sa plainte d’un sondage selon lequel 40% des auditeurs de Kol Berama se sentent « offensés par le fait que les femmes n’ont pas le droit de parler à l’antenne et que les hommes parlent à leur place ».
Forcée à s’asseoir à l’arrière du bus
Dans son dernier rapport sur « la ségrégation et l’exclusion des femmes de l’espace public », publié en janvier, l’IRAC relevait plus d’une cinquantaine de cas de discrimination émanant des milieux ultra-orthodoxes, manifestant une volonté « de repousser les femmes à l’arrière-plan, au sens propre et au sens figuré ». Le rapport rappelle l’histoire de Na’ama Margolese une petite fille insultée sur le chemin de l’école par des hommes qui trouvaient sa manière de s’habiller pas assez orthodoxe. Mais ce cas, très médiatisé, « n’est pas un incident exceptionnel ou isolé ». Ségrégation dans les transports, dans l’armée, dans des cliniques ou des chorales… la liste est longue.
L’IRAC portait aussi un regard plus positif en remarquant que l’indignation grandit face à ces situations. Et, comme l’association Kolech, certain-e-s n’hésitent plus à saisir la justice. En juillet, rapporte l’agence IPS, une adolescente a ainsi remporté son procès contre deux ultra-orthodoxes qui l’avaient forcée à s’asseoir à l’arrière d’un bus.