« Aucun collectif féministe ne m’arrêtera » titre Le Parisien en ouvrant ses colonnes à Jean-Luc Lahaye, mis en examen pour viols sur mineures. Son point de vue et sa stratégie de victimisation sont largement repris dans la presse. Mais Enora Malagré parvient à médiatiser une réalité tout autre.

« Jean-Luc Lahaye clame son innocence » titrent à l’envi les gazettes reprenant une très longue interview du chanteur dans Le Parisien. Cette tribune offerte par le quotidien, reprend dans son titre une phrase choc : « Aucun collectif féministe ne m’arrêtera ».
Le chanteur est toujours mis en examen pour viols et agressions sexuelles sur deux mineures de plus de 15 ans, en 2013 et 2014. Il a fait sept mois de détention provisoire en 2021/2022. Depuis le 6 mars, la justice l’autorise à se produire en public, mais il ne doit pas rencontrer ses fans. (ce qui fait penser à : Europe 1 cache ses stagiaires mineurs pendant que Jean-Marc Morandini passe à l’antenne)
Et le mis en examen a table ouverte dans les médias. L’interview que publie le Parisien, et que reprennent les confrères, lui donne tout le loisir de mettre en accusation les féministes qui ne trouvent pas vraiment normal que les médias et les scènes de spectacle érigent en héros des hommes mis en examen pour agression sexuelle.
Narratif victimaire des agresseurs adoubé par la presse
Tout le narratif victimaire des agresseurs sexuels y passe. « Je reste abasourdi, vitrifié, par cette mise en examen. » … « Moi qui ai toujours respecté les femmes… »… A propos de son arrestation : « La rue était barrée, notre porte a été défoncée, on nous visait avec des lasers… C’est violent ! Je ne suis ni un terroriste ni Fourniret. »… A une question sur son comportement avec les fans, il répond en mettant en accusation… les fans : « Certaines sont prêtes à tout pour être au plus intime avec leur artiste, dorment devant chez vous, se jettent sous les roues de votre moto… » Le chanteur de 72 ans qui s’est marié début juillet avec Paola, 31 ans, loue le courage de son épouse qu’il a trompée et qui venait le voir au parloir.
Il fait copieusement de la pub pour ses prochains spectacles et remercie « les patrons de salle » qui « croient encore en la présomption d’innocence et sont d’un courage exemplaire face à des collectifs menaçants. » … Le dénigrement des féministes se poursuit : « Aucun collectif féministe ne m’arrêtera. La scène, c’est toute ma vie, c’est mon oxygène. Et je n’ai jamais cédé au chantage et à la meute.» … « Mon répertoire est plus fort que le leur. »
Parfait exemple de retournement de culpabilité adoubé par les médias… Médias qui relaient beaucoup plus rarement le point de vue féministe. Nous avons repéré un exemple récent mais, de mémoire de LesNouvellesNews.fr , c’est une exception.
Un autre point de vue en mode mineur
Face à ce tsunami de promotion de celui qui devrait être persona non grata dans les médias, Enora Malagré a posté un message sur Instagram. Ex-chroniqueuse de l’émission controversée (voir plus bas) Touche pas à mon poste, elle diffuse une séquence particulièrement glauque d’une émission datant de 2012 et raconte la violente altercation avec Jean-Luc Lahaye qui a suivi. Sur le plateau, le chanteur dit qu’il veut lui donner une fessée et lui mordre les fesses et tout le plateau rit sauf Enora. « il m’avait agressée très très violemment verbalement en coulisses après… et m’avait menacée physiquement.
je ne m’étais pas du tout laissée faire et lui avais répondu avec virulence et du coup l’avais aussi menacée de lui en coller une …. Ambiance !! » rappelle-t-elle.
Son message a été repris dans quelques médias et a beaucoup tourné sur les réseaux sociaux grâce aux féministes qui lui ont donné de l’écho. Pas sûr que ces messages soient parvenus à faire plus de bruit médiatique que le discours victimaire du chanteur. Mais on avance un peu. Enora Malagré poursuit : « je m’étais sentie bien seule à l’époque…. Si seule … mais aujourd’hui nous sommes entendues (un peu plus ) et nous sommes nombreuses.»
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