La France arrive en tête du classement Equileap grâce à sa loi sur les quotas. Mais l’entreprise française, leader ici, présente un très épais plafond de verre selon l’observatoire Skema.
La France est à nouveau en tête du classement international Equileap sur l’égalité des sexes dans les très grandes entreprises. Mais il n’y a pas de quoi pavoiser.
L’organisation néerlando-britannique Equileap, avec Euronext, a passé au peigne fin les données de 3.795 entreprises cotées dont la capitalisation est supérieure à 2 milliards de dollars dans 23 pays développés. Ces données ont été analysées selon 19 critères parmi lesquels, l’équilibre entre hommes et femmes à différents niveaux des entreprises, l’écart de rémunération entre les hommes et les femmes, les congés parentaux rémunérés, les politiques de lutte contre le harcèlement sexuel…
Et les résultats ne sont pas brillants même si les entreprises progressent lentement. Seulement 41 entreprises sur les 3.795 ont comblé leurs écarts de rémunération entre hommes et femmes. 32 entreprises affichent une sorte de parité à leur sommet… à condition de prendre en compte les quatre premiers niveaux hiérarchiques. Seulement 11% des entreprises offrent des congés parentaux payés égaux aux deux parents. La transparence n’est pas de rigueur puisque seulement 33% des entreprises publient leur écart de rémunération entre hommes et femmes. Si les entreprises du top 500 de ce classement comptent deux fois plus de femmes PDG que l’ensemble, il n’y a pas de quoi s’emballer : 15% contre 7% en moyenne pour les 3.795.
Petits pas grâce aux quotas
Le score moyen mondial situant les entreprises par rapport à un objectif de 100 points a progressé passant de 37% en 2022 à 41% en 2023 puis à 44% cette année.
L’entreprise numéro 1 est australienne, Transurban, une société d’exploitation routière, avec un score de 80%. « C’est la première année, depuis que nous avons commencé à publier notre rapport en 2017, qu’une entreprise atteint un score de 80 % » notent les autrices de l’étude.
La France est le pays classé numéro un (suivi de l’Espagne) avec un score moyen de 57%, Dans le top 100 mondial, on trouve 12 sociétés françaises. L’Oréal arrive en 9ème position avec 76 points. Puis viennent Publicis groupe (76%), Kering (72%), Sanofi, Schneider Electric, Pernod Ricard, Orange, Danone, Sodexo et Unibail-Rodamco Westfield, toutes autour de 70%.
La France doit essentiellement cette performance à ses lois sur les quotas. Le critère du nombre de femmes dans les instances dirigeantes pesant très lourd dans ce classement. La loi Zimmermann de 2011 impose 40% de femmes dans les Conseils d’administration (CA) et la loi Rixain de 2022 prévoit des quotas identiques dans les Comités exécutifs en 2029. Les 120 entreprises les plus fortement cotées à la Bourse de Paris (SBF120) comptent 47% de femmes dans leurs CA. En revanche, dans les comex, la loi Rixain étant plus récente, elles ne comptent que pour 27%. Et la France fait beaucoup moins bien que les pays du Nord de l’Europe.
L’Oréal n° 1 à l’international malgré un épais plafond de verre
Mais les quotas de femmes au plus haut niveau ne font pas l’égalité professionnelle. Une autre étude, l’« Observatoire Skema de la féminisation des entreprises » voit un énorme plafond de verre notamment dans l’entreprise française la mieux classée chez Equileap, l’Oréal.
Pour cet observatoire, le professeur Michel Ferrary passe en revue les entreprises du CAC40 (les 40 plus grosses capitalisations boursières) et calcule l’épaisseur du plafond de verre dans chaque entreprise : il compare le pourcentage de femmes dans la population cadre d’une entreprise et dans son comex. Pour les extrêmes : « L’index d’inégalité met en évidence les entreprises dont le plafond de verre entre la population cadre et le Comex est le plus épais pour les femmes : Prix citron à LVMH avec 12,50 % de femmes (2) au Comex et 65% de femmes cadres (Plafond de verre de 52,5). L’entreprise qui a le plus faible plafond de verre entre les 2 niveaux hiérarchiques: Prix orange à Renault avec 25% de femmes au Comex (5) et 25,5% dans la population Cadres. (Plafond de verre: 0.50) »
Comment se situe le champion international L’Oréal dans ce classement des champions du plafond de verre ? Il est sixième avec un indice d’inégalité de 26,42 %… Nul n’est prophète…
Quand à LVMH, il n’est pas cité dans les 100 premières entreprises d’Equileap. L’entreprise de Bernard Arnault a toujours eu du mal avec la parité… (Lire : Bernadette Chirac au CA de LVMH : un pied de nez à la parité (2010))