Le troisième film d’Hafsia Herzi dresse un portrait délicat et empathique d’une jeune musulmane s’autorisant à vivre son homosexualité. Avec la révélation Nadia Melliti, dont c’est le premier rôle.

Fatima est musulmane pratiquante, banlieusarde étudiant la philo à Paris, aime le football et est attirée par les filles. Adaptation du premier roman autobiographique de Fatima Daas, « La petite dernière » raconte sa parole empêchée. La jeune Nadia Melliti, quasiment de tous les plans, est une taiseuse qui se cache pour découvrir le milieu queer parisien, militant et festif. Mais la réalisatrice sait filmer avec douceur son trajet du lycée à ses émotions à fleur de peau, ses doutes qui vont jusqu’à sa demande de conseil « pour une amie » auprès d’un Imam presque compréhensif. Autour de Fatima, une mère et des sœurs affectueuses mais dépassées ; de l’autre côté, une nouvelle famille d’amantes et une amoureuse incarnée par l’excellente Park Ji Min. Dans ce récit d’émancipation, même quand tout se déroule en douceur, la liberté reste une denrée difficile à acquérir, comme le montrent les larmes de Fatima devant sa mère dans une dernière scène silencieuse et émouvante.
Des personnages comme Fatima restent rares sur grand écran en France et le sujet du film ne plait pas à tout le monde : le tournage à Nancy pendant l’été 2024 a été arrêté quelques jours, une partie du décor a été détruit, des techniciens se sont fait caillasser et l’équipe a été menacée. Les prix obtenus à Cannes, Queer Palm et prix d’interprétation féminine pour la débutante Nadia Melliti ainsi que le bel accueil critique du film sont déjà une réponse aux masculinistes énervés.
« La petite dernière » de Hafsia Herzi (fiction, France, 1h46), avec Nadia Melliti, Park Ji-Min, Amina Ben Mohamed. Produit par June Films, distribué par Ad Vitam, en salles le 22 octobre 2025.
Lire aussi le portrait d’Hafsia Herzi ici