Les fondatrices de #MeToo politique renouvellent leur appel à exclure les agresseurs sexuels de la vie politique. Un #MeToo politique européen est lancé.
Vendredi dernier, le sénateur Joël Guerriau était mis en examen pour « administration de substance afin de commettre un viol ou une agression sexuelle ». Il était accusé d’avoir mis de l’ecstasy dans le verre de sa collègue la députée Sandrine Josso. Les deux parlementaires étaient liés par une amitié politique depuis 10 ans, le sénateur avait invité chez lui la députée pour fêter sa réélection. (Lire : Un sénateur en garde à vue, accusé d’avoir drogué une collègue)
Lorsqu’elle a pris la parole pour la première fois après avoir passé une nuit à l’hôpital, Sandrine Josso a voulu avant tout alerter : « mon devoir est de sensibiliser » sur « le fléau » de la soumission chimique, dont « on ne peut plus détourner le regard » a-t-elle déclaré sur le plateau de C à vous sur France 5.
Sandrine Josso est visiblement gravement traumatisée. Au début de son récit factuel de la soirée, le visage de Joël Guerriau s’affiche sur les écrans du plateau (ici vers la 35ème minute). Elle demande qu’on l’enlève. « J’ai cru mourir » dit-elle, tremblante en relatant les faits.
Face à cette élue en stress post-traumatique, la défense du sénateur s’active. Ses avocats donnent des explications rocambolesques : chat mort, erreur de manipulation de sachet, stress de la campagne… Des amis affirment dans le Parisien qu’il « est un honnête homme, respecté et respectable qui rétablira son honneur et celui de sa famille. » Et le sénateur fait savoir qu’il envisage de retourner siéger dans l’Hémicycle. Si son parti, Horizons, l’a exclu, Gérard Larché, président du Sénat l’a simplement appelé à « se mettre en retrait de ses fonctions de sénateur » et personne n’a le pouvoir de l’y contraindre.
L’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique en première ligne
Les hommes politiques n’ont pas grand-chose à craindre pour leur carrière. Alors le mouvement « #MeToo politique » à l’origine de de l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique remet le sujet sur la table. Le cas Joël Guerriau n’est pas un cas isolé. Il s’inscrit dans un système d’impunité bien huilé. Le 19 novembre sur BFMTV, Mathilde Viot, co-fondatrice du mouvement, dressait une liste d’agresseurs sexuels, en se limitant à ceux du camp présidentiel. Et la liste était déjà longue. Le journaliste qui l’a interrompue servait un des éternels arguments qui veulent empêcher les femmes de parler : « présomption d’innocence »
Toujours sur BFM TV, Fiona Texeire également co-fondatrice, a martelé le message de l’Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique, le #MeToopolitique en novembre 2021 : une politique de prévention globale des violences sexuelles dans le milieu politique doit être mise en place. Elle souligne que beaucoup des hommes qui ont commis de telles violences ont une très bonne image. Joël Guerriau a, par exemple, la légion d’honneur, et personne ne semble songer à lui reprendre.
#MeToo politique européen
Ce mercredi, l’élue de la ville de Paris Alice Coffin annonçait, avec des élues belges et suédoises, la création d’un #MeToo politique européen au Parlement européen à Strasbourg. Avec les mêmes objectifs que les #Metoo politiques belges et français : documenter les violences sexuelles et sexistes dans la politique et obliger les parlements à mettre en place des politiques efficaces pour lutter contre les systèmes d’impunité.
Ce système n’est pas spécifiquement français. En 2018, une étude de l’Union interparlementaire (UIP) et de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe (APCE) révélait « que 85 pour cent des femmes parlementaires ont été victimes de violence psychologique au sein des parlements ; que les femmes parlementaires de moins de 40 ans sont plus susceptibles d’être harcelées ; que le personnel parlementaire féminin subit plus de violence sexiste que les femmes parlementaires ; et que la majorité des parlements ne disposent pas de mécanismes pour permettre aux femmes de signaler ces faits. »
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