La production cinématographique française est remontée en 2023. Mais la part des réalisatrices a baissé par rapport à 2020. Elle est inférieure à 30%. Un niveau que le CNC juge pourtant « très élevé ».
Le Centre national du cinéma (CNC), qui a publié le bilan de la production cinéma 2023 lundi 25 mars, résume avec enthousiasme les chiffres : « Une production cinématographique qui renoue pleinement avec son niveau d’avant crise ».
Sur les réseaux sociaux, même enthousiasme. @destinationcine CNC retient trois chiffres du CNC sur X (ex-twitter) : « On a rarement produit autant de films français : 216 (1 toutes les 40h). On a rarement mis autant d’argent : 884M€ dont 58,6% partent en rémunérations. On a rarement mis autant d’argent public : 252M€ (soit 28,5% du total).» Et toujours rien sur la place des femmes…
Il faut aller lire le cœur du dossier pour voir des chiffres qui fâchent : la part de femmes ayant dirigé le tournage d’un de ces films français n’est que de 28,3%. Elle était de 30,7 % en 2022. Concernant les films d’initiative française, les réalisatrices comptent pour 26,3 % contre 30,8 % en 2022.
Très loin de la parité
Le CNC a le culot d’écrire en titre de la partie consacrée à la « Répartition des réalisateurs de films agréés selon le genre » : « Une part de femmes réalisatrices en recul mais qui se maintient à un niveau élevé. » On s’étrangle ! Moins de 30%. L’égalité entre les femmes et les hommes semble bien être le dernier des soucis du CNC.
Certes la place des réalisatrices a progressé en 20 ans. Elle est passée de 17,5% en 2004 à 28,3% aujourd’hui mais la qualifier de « niveau d’élevé » frise l’insulte. En tout cas, présenter ainsi ces chiffres ressemble à une façon d’endormir toute rébellion.
Puissante intériorisation d’infériorité
Reprenons cette remarque d’Agnes Jaoui. En 2020, lors des assises du Collectif 50/50 elle racontait que, quand elle avait 30 ans, elle était très fière de clamer, à l’étranger, que 20% des films en France étaient faits par des réalisatrices et laissait tomber : « Quelle puissante acceptation de mon infériorité m’avait fait me réjouir d’un chiffre aussi minable ?».
L’entre-soi masculin des instances de direction du cinéma fait accepter cette infériorité…
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