Une étude britannique montre que les employeurs ont tendance à négliger les personnes qui travaillent le plus à domicile.
Alors que beaucoup chantent les louanges du télétravail pour bien des raisons de santé des travailleur.se.s et de la planète, les femmes déchantent. Une nouvelle étude montre que leurs carrières sont pénalisées par le télétravail.
Cette enquête menée par le Chartered Management Institute (CMI) auprès de 1 300 cadres, montre que les hommes travaillent plus que les femmes dans les bureaux de leurs employeurs, en partie ou totalement. Ils seraient 48 % à préférer le « présentiel » contre 38 % de femmes.
Deux managers interrogés sur cinq (40 %) ont déclaré avoir déjà eu une opinion ou un comportement différent envers les salarié.es selon qu’ils ou elles étaient présent.es ou non sur le lieu de travail.
Les femmes optent davantage pour le télétravail pour satisfaire aux injonctions qui leurs sont faites à s’occuper des enfants notamment. Mais l’étude britannique note l’effet « perdant-perdant » de tels choix. Les femmes en font plus que les hommes à la maison, et, au travail, étant moins visibles, elles vont être plus facilement oubliées des promotions. Et les entreprises sont perdantes aussi puisqu’elles se privent de bien des compétences de ces femmes.
Anthony Painter, directeur de la stratégie au CMI, a déclaré : « Les femmes pourraient se retrouver dans une situation de perdant-perdant si les employeurs ne font pas attention. Les femmes étant plus souvent en télétravail, elles passent à côté de nombreuses opportunités qui se présentent lors d’une interaction en personne au bureau. C’est intolérable et dommageable pour les femmes comme pour les employeurs. »
The Guardian signale que les conclusions du CMI ont été reprises dans un récent rapport de Deloitte, Women at Work, qui a révélé que 60 % des télétravailleuses avaient le sentiment d’être exclues des réunions, tandis que près de la moitié d’entre elles craignaient de ne pas avoir le contact avec les dirigeants nécessaire à la progression de leur carrière.
Elles ont signalé qu’elles étaient pénalisées d’être exclues de conversations informelles importantes, et qu’elles n’ont souvent pas pu prendre la parole dans des réunions où des collègues se sont attribués le mérite de leurs idées.
L’amplification du télétravail empêche d’avantage encore les femmes d’adopter les codes informels qui assurent les progressions de carrière : présentéisme à outrance en soirée pour croiser les dirigeants, apéritifs informels, conversations de machine à café, réunions qui s’éternisent dans lesquels se créent des liens le plus souvent entre hommes… sans compter les activités sportives partagées entre hommes.
Pour éviter que le télétravail ne pénalise les carrières des femmes, les chercheuses et militantes interrogées par The Guardian en appellent à un meilleur encadrement du télétravail et davantage de rigueur dans les process d’attribution de promotions. Et, au sein des familles : davantage d’implication des pères afin d’équilibrer le télétravail entre femmes et hommes.
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